Le University Lying-in Hospital (le terme « Lying-in » renvoie aux femmes en couches), qui a ouvert ses portes en 1843, offrait aux femmes pauvres, souvent célibataires ou immigrantes, un endroit où accoucher en toute sécurité. À l’époque, la plupart des femmes accouchaient à la maison, accompagnées d’une sage-femme ou d’un médecin, un service que ne pouvait s’offrir la clientèle du University Lying-in Hospital.
Le seul autre hôpital anglophone de Montréal à l’époque, l’Hôpital général de Montréal, n’admettait pas de patientes en obstétrique, sauf en cas d’urgence médicale.
Comme son nom l’indique, le University Lying-in Hospital a été établi à titre d’hôpital d’enseignement par la Faculté de médecine (aujourd’hui la Faculté de médecine et des sciences de la santé) de l’Université McGill. Pourtant, dans les premières années de l’établissement, les professeurs mcgillois y voyaient rarement des patientes et y pratiquaient peu d’accouchements. L’hôpital fonctionnait surtout comme un organisme de bienfaisance, géré par des bénévoles issues de la classe moyenne. Les effectifs cliniques et de soutien étaient composés de sages-femmes, d’infirmières et de personnel domestique, jusqu’à ce que le milieu médical commence à s’impliquer plus activement en obstétrique, à la fin du 19e siècle. Les étudiants en médecine mcgillois pouvaient cependant assister à des accouchements et parfois même en pratiquer, sous la supervision d’une sage-femme. En ce sens, l’établissement figure parmi les premiers hôpitaux d’enseignement de l’obstétrique en Amérique du Nord (les étudiants en médecine n’avaient jusque-là que des cours théoriques sur l’accouchement). L’obstétrique ne représentait toutefois pas encore une priorité dans la formation médicale; ce n’est qu’à partir de 1870 que l’expérience dans cette discipline est devenue obligatoire pour l’obtention du diplôme.
En 1887, l’hôpital a été renommé Montreal Maternity Hospital. À la même époque, les médecins superviseurs et résidents ont remplacé les sages-femmes comme cliniciens principaux au sein de l’hôpital. Le nombre d’interventions médicales et chirurgicales durant l’accouchement a augmenté, tout comme le recours à l’anesthésie durant le travail, avec l’avancée de la spécialisation en obstétrique. L’amélioration des mesures d’hygiène a entraîné une réduction des infections, ce qui a fait baisser les taux de mortalité chez les mères et les nouveau-nés. Ces changements ont entraîné une évolution de la clientèle de l’établissement, de plus en plus de femmes de la classe moyenne souhaitant accoucher à l’hôpital.
Pour répondre à la demande grandissante, l’hôpital a déménagé en 1905 dans des locaux construits à cette fin sur la rue Saint-Urbain. L’espace n’a toutefois pas tardé à manquer, et en 1926, l’établissement a fusionné avec l’Hôpital Royal Victoria pour devenir le Royal Victoria-Montreal Maternity Hospital, sis au nouveau Pavillon des Femmes.
Depuis 1997, le Royal Vic est intégré au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). La maternité du CUSM, connue sous le nom de Centre des naissances et située au site Glen, est reconnue pour les soins spécialisés aux grossesses à risque élevé.
Compléments d’information :
The Montreal Maternity, 1843-1926: Evolution of a Hospital, thèse de Rhona Richman Kenneally, Département d’histoire, Université McGill, 1983.
History of the Department of Obstetrics and Gynecology, McGill University