1997

Se regrouper pour exceller : la création du CUSM 

Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM), construit en 2015 au site Glen.

En près de deux siècles, les hôpitaux du réseau universitaire de santé mcgillois ont beaucoup évolué. Le plus ancien est l’Hôpital général de Montréal, fondé en 1819 (avec l’University Lying-In Hospital après 1843) jusqu’à ce que ce l’Hôpital Royal Victoria ouvre en 1893.

Après la Deuxième Guerre mondiale, le réseau est demeuré relativement stable, selon le Dr Richard Cruess, ancien doyen de la Faculté de médecine (aujourd’hui la Faculté de médecine et des sciences de la santé) et coauteur de deux ouvrages sur l’histoire de cette dernière. « Les établissements demeuraient des concurrents indépendants s’adonnant à une certaine collaboration et entretenant des relations convenables, mais sans que le personnel ne passe d’une institution à l’autre. » La situation est restée inchangée jusqu’à l’introduction de l’assurance-maladie au Québec en 1970. La combinaison des demandes des soins spécialisés modernes, où le simple maintien de la compétence exige des volumes de cas raisonnables, et de la quête de soins plus efficients du côté du gouvernement, menaçait le maintien de deux hôpitaux généraux pour adultes, d’autant qu’ils n’étaient qu’à deux kilomètres l’un de l’autre. »

À terme, les pressions exercées sur le réseau en vue de consolider l’administration et les services médicaux ont donné lieu à un regroupement volontaire en 1997 pour former le Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Il était constitué de l’Hôpital général de Montréal et du Royal Vic, qui ont mis fin à leur vieille rivalité, ainsi que du Neuro, de l’Institut thoracique de Montréal et de l’Hôpital de Montréal pour enfants. L’Hôpital Lachine s’est joint au CUSM en 2008. Le déménagement historique au site Glen a eu lieu en 2015, avec le Royal Vic, l’Hôpital pour enfants et l’Institut thoracique logeant sous le même toit. Le site Glen abrite également l’Institut de recherche du CUSM, le Centre du cancer des Cèdres et l’Hôpital Shriners pour enfants – Canada.

La motivation pour créer le CUSM est venue des hôpitaux mêmes et, sur le plan administratif, la transition s’est réalisée sans heurts. Les difficultés d’adaptation existaient surtout sur le plan personnel, raconte le Dr Cruess, qui sait d’expérience à titre de chirurgien orthopédiste de longue date du Royal Vic que de tels regroupements peuvent se révéler une pilule difficile à avaler.

« Une des forces de la Faculté de médecine de McGill au fil des ans est la loyauté extraordinaire du personnel, du personnel infirmier et des médecins pour leur établissement », explique-t-il. « Les personnes qui ont travaillé au Royal Vic s’y plaisaient vraiment, et ceux de l’Hôpital général et de l’Hôpital pour enfants partageaient ce sentiment pour leur établissement. La rupture de cette relation n’a pas été facile – et très franchement, j’en sais quelque chose. Je suis venu à Montréal pour aller au Royal Vic avec mon épouse, la Dre Sylvia Cruess. Nous étions attachés à sa culture; nous y formions une communauté. » Le Dr Cruess poursuit : « Ce n’est pas facile, lorsque vous avez été des concurrents pendant des années et que vous êtes un chirurgien ou un psychiatre de 60 ans et que, tout à coup, vous devez déménager à l’autre hôpital, car les activités y sont transférées. C’est très difficile. »

Cela dit, il se tisse de nouveaux liens et de nouvelles loyautés, et selon le Dr Cruess, les regroupements ont eu des incidences très positives sur les soins aux patients et les résultats thérapeutiques à Montréal. À ses dires, le déménagement au site Glen en 2015, bien que complexe sur le plan logistique, n’a pas été aussi difficile sur le plan professionnel que le regroupement en 1997. « La plupart des changements de culture étaient déjà bien avancés avant le déménagement au site Glen. Le déménagement a vraiment rapproché les gens », conclut-il.

 

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