1900-1945 

Le Développement des Sciences à McGill

L’aube du 20e siècle connaît un développement important à l’égard de l’enseignement et de la recherche scientifique à l’Université. La création et la dotation de nombreux départements scientifiques à la fin du XIXe siècle facilitent la réalisation de travaux révolutionnaires et contribuent à la formation d’étudiants prêts à relever les défis uniques du nouveau siècle.

Les sciences physiques au tournant du siècle

1897 – 1910

Au début des années 1900, la physique et la chimie prennent de l’ampleur à McGill, assoyant les bases des départements actuels.

Le développement des sciences physiques à McGill est stimulé par la construction de laboratoires spécialisés dans le Pavillon de physique Macdonald et le Pavillon de chimie et des mines Macdonald, ainsi que par la dotation d’une chaire de physique. Les sciences physiques, la physique et la chimie en particulier, sont un lieu d’expérimentation, d’échange et d’innovation au cours de la première décennie du XXe siècle. De jeunes et ingénieux scientifiques sont attirés par l’Université et contribuent à former une nouvelle génération qui fera ensuite d’importantes découvertes d’avant-garde.

L’un d’eux est le célèbre physicien Ernest Rutherford. Il arrive à McGill en tant que jeune scientifique prometteur et quittera l’établissement sur le point d’être reconnu comme l’un des physiciens les plus éminents de son temps. En 1898, Ernest Rutherford devient titulaire de la Chaire de physique Macdonald à McGill, après avoir effectué un stage postuniversitaire sous la direction de J. J. Thompson au Laboratoire Cavendish de l’Université de Cambridge. Il est bientôt rejoint par Frederick Soddy, un physicien anglais. Ce dernier s’est initialement embarqué pour le Canada après avoir postulé à l’Université de Toronto, pour découvrir à son arrivée que le poste est déjà pourvu. Heureusement, il y a une occasion d’embauche à McGill. En 1901, Frederick Soddy se joint donc à la Faculté comme préparateur en chimie. Les deux scientifiques travaillent en étroite collaboration pour explorer une question fondamentale de la physique et de la chimie : la radioactivité. Essentiellement, leurs travaux visent à comprendre la nature de la matière. Pendant les neuf années relativement courtes qu’il passe à McGill, Ernest Rutherford crée un énorme corpus de travaux, publiant 69 articles. L’ampleur de son travail est reconnue peu après son départ de l’Université, en 1907, par un prix Nobel de chimie. Le mandat de Frederick Soddy à McGill est encore plus court, puisqu’il quitte l’établissement en 1903. Ses recherches sur la désintégration radioactive et la théorisation des isotopes sont récompensées par le prix Nobel de chimie en 1921. Les travaux de ces deux universitaires stimulent les sciences physiques à McGill, contribuant à un programme de recherche solide et attrayant.

Au cours de cette période, de nombreux physiciens de renom font leurs études à McGill. L’une de ces scientifiques est Harriet Brooks, à qui Ernest Rutherford a enseigné. Elle obtient un baccalauréat ès arts en mathématiques et en philosophie de la nature, mention avec haute distinction, et reçoit la médaille d’or Anne-Molson pour son brillant parcours universitaire. Elle sera la première diplômée d’Ernest Rutherford et deviendra tutrice non résidente au Collège Royal Victoria. En 1901, elle est la première personne à recevoir une maîtrise dans une discipline scientifique à McGill. Après l’obtention de son diplôme, elle continue de travailler à l’Université, menant une série d’expériences sur la nature des émissions radioactives du thorium, une question fondamentale en science nucléaire. Elle travaille ensuite au Bryn Mawr College, au Barnard College et avec Marie Curie, en France. Ses recherches, cruciales, ont permis de découvrir que les éléments subissent une certaine transmutation lors de la désintégration radioactive.

Parmi d’autres diplômés d’exception en physique, citons Robert William Boyle, un des pionniers de la création du sonar. À l’instar d’Harriet Brooks, Robert Boyle est formé par Ernest Rutherford, qui lui décerne le premier doctorat en physique en 1909. Pendant la Première Guerre mondiale, Robert Boyle travaille avec des chercheurs français à la production d’un prototype fonctionnel de l’ASDIC, le premier sonar. Il devient ensuite doyen de la Faculté des sciences de McGill, poste qu’il occupe jusqu’en 1929 et date à laquelle il rejoint le Conseil national de recherches du Canada à titre de directeur du Département de physique. Alors que Robert Boyle obtient son doctorat, Annie MacLeod devient la première femme à recevoir un doctorat en chimie à McGill.

 

Des scientifiques à la guerre

1914 – 1918

La guerre transforme le rôle des scientifiques à McGill et modifie l’importance et le but des activités de recherche.

Si l’Université McGill n’est pas la seule institution touchée par la Première Guerre mondiale, ses professeurs et ses étudiants contribuent néanmoins tous de manière importante à l’effort. La guerre met également en lumière l’importance de la recherche scientifique sur la scène mondiale, ce qui aura des répercussions sur les sciences à McGill pendant des décennies.

La Première Guerre mondiale est le premier événement dans l’histoire de l’humanité où les deux camps exploitent pleinement la technologie, mais en encouragent aussi délibérément le développement par une recherche organisée. McGill n’est pas à l’abri de cette tendance et, pendant les années de guerre, les priorités changent. Le rythme de la recherche s’accélère considérablement dans les universités du monde entier; les objectifs se précisent et l’on s’emploie à mettre rapidement en pratique les nouvelles découvertes, ce qui tranche avec le passé.

Les scientifiques sont également reconnus comme membres très importants de la société et, à ce titre, ils demeurent à l’Université au lieu de combattre dans les tranchées. Les professeurs sont invités à continuer de mener leurs activités dans leurs salles de cours et leurs laboratoires, à former les jeunes hommes à la guerre technologique et scientifique et à réaliser des travaux pour l’effort de guerre.

Plus précisément, à l’Université McGill, les professeurs et les étudiants des départements de chimie et de physique contribuent de manière importante dans ce contexte. Le Département de chimie crée un laboratoire pour étudier les explosifs et développer une protection contre le phosgène, le gaz toxique le plus mortel de la guerre. Deux étudiants diplômés, H. W. Matheson et H. S. Reid, conçoivent également un processus simple pour la fabrication de l’acétone (composant clé de la cordite, un propulseur explosif pour les armes militaires) et mettent ce processus en pratique pour atteindre une production de masse très rapidement. Pour leur part, les étudiants en chimie mcgillois, dirigés par le professeur de métallurgie Alfred Stansfield, produisent plus de 180 kilogrammes de magnésium par jour. Ce métal est essentiel à la production de câbles électriques et de photographies. Les professeurs Godfrey Burr et S. W. Werner trouvent une solution apparemment inespérée au problème de la fabrication du cadmium nécessaire aux câbles téléphoniques de terrain. Leur procédé reste secret pendant la guerre et est ensuite soigneusement breveté.

De nombreux professeurs de physique de McGill contribuent également directement à la recherche en temps de guerre et certains sont même recrutés pour effectuer des travaux à l’échelon le plus élevé du gouvernement britannique. Parmi ces scientifiques, on compte Arthur Stewart Eve, Louis King, Etienne Bieler et Robert William Boyle, qui travaillent tous sur divers aspects de la détection de sous-marins. Ils contribuent notamment au développement de technologies sonar, sans oublier les aides à la navigation dans les ports plongés dans l’obscurité et le repérage acoustique des canons ennemis.

La recherche en temps de guerre confère à ces activités un nouveau statut au sein de l’Université. Dès lors, la contribution scientifique est reconnue comme une partie désormais nécessaire et habituelle des fonctions professorales. En outre, les nécessités de la guerre font évoluer la valeur de la recherche vers l’utilitarisme et le potentiel d’applications devient très prisé.

Un corps étudiant en évolution

1900 – 1935

Le début d’un nouveau siècle voit un changement dans la diversité du corps étudiant au point de vue du genre, de la race et de l’ethnoreligion.

Avant le début du siècle, le corps étudiant est presque exclusivement composé de blancs, d’Anglo-saxons, de chrétiens et d’hommes. Toutefois, la situation commence à changer de manière significative au début du 20e siècle. En 1889, l’admission des femmes à McGill marque un changement radical à l’Université, jalon renforcé par l’ouverture du Pavillon du Collège Royal Victoria en 1900. En 1905, il existe de nombreux groupes de femmes, tels que l’Association Delta Sigma, le groupe YMCA et le Club sportif du Collège Royal Victoria. En sciences, comme dans toutes les disciplines, les femmes sont séparées des hommes, mais elles reçoivent la même formation et se soumettent aux mêmes exigences de cours. Au cours de cette période, le Collège Royal Victoria forme de nombreuses femmes scientifiques remarquables, notamment Harriet Brooks, Alice Vibert Douglas et Laura Rowles en physique, et Carrie Derrick en biologie. Entre 1900 et 1930, la taille du Collège Royal Victoria augmente de façon marquée. Cependant, une fois diplômées, de nombreuses femmes scientifiques se heurtent à des choix de carrière limités.

Au cours des années 1900, la diversité raciale de McGill commence également à évoluer. Il est toutefois plus difficile de trouver des informations comparables sur les étudiants de couleur mcgillois. Par exemple, à cette époque, on ne fait pas mention de la race dans les dossiers étudiants. C’est pourquoi les albums de promotion, qui contiennent des photos et souvent des lieux d’origine, constituent une mine d’informations. Bien qu’il s’agisse de renseignements sommaires et qu’ils ne reflètent probablement pas toute l’ampleur et la diversité étudiante, ces documents soutiennent l’idée que les étudiants de couleur, et plus particulièrement les étudiants noirs, font partie de la communauté mcgilloise depuis plus d’un siècle.

Même s’il importe de reconnaître la présence d’étudiants noirs à McGill pour saluer leur contribution à la communauté, il faut admettre qu’ils ont été totalement exclus de l’enseignement supérieur. Malgré la disparité raciale résultant de cette exclusion systémique, un certain nombre d’étudiants noirs d’exception obtiennent un diplôme de McGill pendant cette période. Cela est particulièrement évident à la Faculté de médecine, qui a décerné des diplômes à d’éminents universitaires noirs, dont George Edwin Thwaites (promotion 1907), A. C. Harry (promotion 1908), A. M. Fyfe (promotion 1909), Henry T. Strudwick (promotion 1910) et Thad Dyden (promotion 1911). Il est probable que le premier étudiant noir en sciences à McGill ait été David Cornelius Canegata Sr, qui obtient un baccalauréat en 1909 et un diplôme de la Faculté de médecine de McGill en 1911. David Canegata est originaire de Sainte-Croix – qui fait maintenant partie des îles Vierges américaines – et a fait ses études dans des pensionnats d’Antigua. Premier Crucien à devenir médecin, humaniste actif, il est membre des trois paliers de gouvernement.

Alors que la composition du corps étudiant continue de se transformer tout au long du premier tiers des années 1900, les femmes, les étudiants de couleur et les étudiants juifs qui fréquentent l’Université continuent de se heurter à des obstacles, implicites et explicites – une exclusion en quelque sorte. La façon dont l’administration traite les étudiants juifs à cette époque est révélatrice. Au début des années 1900, le nombre d’étudiants juifs augmente. À titre d’exemple, en 1913, l’institution accueille 6,8 % d’étudiants juifs; en 1924, ce nombre atteint 25 %. Pendant cette période, les étudiants juifs établissent une communauté active sur le campus de McGill, comme en témoigne la création du Cercle maccabéen en 1905 et de l’Association Menorah en 1920. Les dirigeants craignent alors l’augmentation du nombre d’étudiants juifs au détriment des étudiants « anglo-saxons ». On va même jusqu’à présenter les étudiants juifs comme étant trop doués et jouer sur les stéréotypes antisémites. À partir de 1929, McGill met en œuvre une politique de quota visant à restreindre l’accès aux étudiants juifs. La moyenne exigée augmente à 70 %, puis à 75 % dans les années 1930, alors que la moyenne requise pour les étudiants non juifs demeure à 60 %. À la Faculté de médecine, les quotas sont transparents – le pourcentage d’étudiants juifs est limité à 10 % de sa population. En 1935, la proportion d’étudiants juifs chute à 12 %.

Paver la voie vers le Département de biologie 

1880 – 1934 

Les prédécesseurs du Département moderne de biologie, les anciens départements de botanique, de zoologie et de génétique, connaissent une croissance considérable au début du vingtième siècle, entraînant une augmentation du nombre de professeurs et l’expansion de leurs installations.

Le Département des sciences naturelles et les balbutiements de l’actuel Département de biologie sont parmi les premiers départements scientifiques de McGill. Au XIXe siècle, la botanique fait partie intégrante des études médicales, la discipline reposant alors largement sur les médicaments à base de plantes. Jusqu’au XXe siècle, grâce à la bonne intendance du principal Dawson, les sciences naturelles à McGill se développent pour inclure de plus en plus de postes d’enseignement spécialisés et la création de départements indépendants.

Jusque dans les années 1880, William Dawson enseigne de 10 à 14 heures par semaine. Ayant besoin de réduire sa charge de travail, il engage David Penhallow pour reprendre les cours de botanique. En 1885, la botanique devient une discipline à part entière, avec la chaire de botanique et de physiologie végétale occupée par le Pr Penhallow. En 1897, lord Strathcona crée une chaire de zoologie qui attire Ernest MacBride à McGill. Ce dernier apporte son expertise en microscopie et en développement, fruits de ses études en Europe – deux sujets désormais fondamentaux dans la recherche en biologie.

Au cours des années 1920, les sciences biologiques à McGill prennent une telle ampleur qu’un nouveau pavillon doit être construit, lequel est commandé en 1922. Le Pavillon de biologie abritera sous un même toit les sciences biologiques traditionnelles (botanique et zoologie) et les nouvelles (physiologie, biochimie et pharmacologie). À proximité, une animalerie et une serre sont construites. L’espace obtenu ne suffit plus et des laboratoires modernisés sont nécessaires. Le Pavillon de biologie déménage à nouveau en 1965 et l’ancien pavillon devient le désormais familier Pavillon James, siège de l’administration. Une grenouille ornementale en pierre, au-dessus de l’entrée de l’édifice, en rappelle la vocation initiale et les décennies d’importantes recherches et d’enseignement en biologie qui s’y sont déroulées.

 

Carrie Derick : première femme professeure au Canada

1862 – 1941 

Au cours de son impressionnante carrière de scientifique et d’enseignante, Carrie Derick persévère malgré de nombreux obstacles et ouvre la voie aux droits des femmes à l’éducation et au travail.

Carrie Derick et le Département de génétique

Carrie Derick est saluée comme la première femme professeure dans une université canadienne. L’énoncé ne témoigne qu’en partie de son impressionnante carrière de scientifique et d’enseignante, sans égard à son sexe, et ne tient pas compte des obstacles qu’elle a dû surmonter tout au long de sa carrière, malgré son titre de professeure.

Pour en savoir plus sur les premiers outils de recherche et d’enseignement de la biologie à McGill.

Formation et début de carrière

Née le 14 janvier 1862 à Clarenceville, au Québec, Carrie Mathilda Derick fait d’abord ses études, puis commence à enseigner à l’âge de quinze ans. Elle obtient la médaille d’or du Prince de Galles à l’École normale de McGill en 1881.

Les années McGill

En 1889, Carrie Derick s’inscrit à la Faculté des arts de McGill pour étudier les sciences naturelles. En 1890, elle termine première de sa promotion, remportant des prix en zoologie, en lettres classiques ainsi que la médaille d’or Logan en sciences naturelles. En 1891, tout en conservant deux emplois, elle entreprend une maîtrise avec le professeur de botanique David Penhallow. Après l’obtention de son diplôme en 1896, il la recommande comme chargée de cours à temps plein à l’Université. Cependant, le Conseil des gouverneurs rejette l’idée, lui offrant plutôt le poste de « chargée de travaux pratiques », l’échelon le plus bas. Pendant sept ans, elle donne des cours, assiste David Penhallow, fait des recherches et publie des articles, sans augmentation de salaire ni offre de promotion. Enfin, en 1905, Carrie Derick est promue professeure adjointe et reçoit un salaire de 1 250 $. À titre comparatif, la même année, le salaire annuel des professeurs masculins est de 3 000 $.

En 1901, elle commence également son doctorat à l’Université de Bonn.

Même si, en 1906, elle a terminé tous les cours et effectué toutes les recherches exigés, Carrie Derick ne reçoit pas le diplôme, car, à l’époque, l’Université de Bonn ne décerne pas de doctorat aux femmes.

Malgré ces revers, Carrie Derick continue de travailler, d’enseigner et de gérer le Département de botanique. Finalement, en 1912, l’Université la nomme professeure de botanique morphologique, faisant d’elle la première femme à McGill et au Canada à accéder à un poste de professeure d’université. Ce n’est malheureusement pas son domaine d’expertise, et le nouveau poste ne s’accompagne pas d’une augmentation de salaire ou d’un siège au sein du corps enseignant. En dépit du manque de reconnaissance pour son expertise et ses réalisations, Carrie Derick continue à enseigner et à faire figure de pionnière dans son domaine. Elle innove avec un cours intitulé « Évolution et génétique », le premier du genre au Canada. Elle aide ainsi la science à McGill à devenir de plus en plus avant-gardiste et pertinente. En 1934, la famille Molson finance la création d’une nouvelle chaire de génétique et d’un Département de génétique indépendant.

Héritage

Afin de souligner son engagement envers l’excellence scientifique, McGill crée le prix Carrie-M.-Derick pour la supervision et l’enseignement aux études supérieures, qui reconnaît les contributions exceptionnelles des membres du corps professoral à la promotion de l’excellence des étudiants aux cycles supérieurs. En 2017, à l’occasion du 155e anniversaire de sa naissance, Carrie Derick a été reconnue par un doodle présenté par Google au Canada, la qualifiant de « remarquable pionnière et visionnaire ».

 

Joyaux cachés : les premiers outils de recherche et d’enseignement en biologie de McGill

1880 – 1920

Au fur et à mesure que les programmes de sciences biologiques et leurs installations prennent de l’expansion, les ressources de recherche et d’enseignement se développent pour améliorer l’apprentissage pratique.

Le mystère des Jardins botaniques de McGill

On ne sait pas grand-chose des Jardins botaniques de McGill, mais ils font partie du paysage de l’enseignement et de la recherche en biologie au début du siècle. Les plans pour la création des Jardins botaniques débutent en 1885, avec la nomination de David Penhallow comme directeur de la Montreal Botanic Garden Association. Toutefois, l’Association cesse ses activités à la fin de sa deuxième année, faute de pouvoir trouver un site approprié. Puis, en 1890, l’Université McGill loue neuf acres sur le chemin de la Côte-des-Neiges, au sud de l’importante artère The Boulevard à Westmount, et ,avec l’aide de David Penhallow, met finalement sur pied un jardin botanique. On y trouve plusieurs jardins d’hiver, dont une serre de camélias, une serre végétale et une serre australienne. Ces jardins abritent des plantes du monde entier, y compris de nombreuses plantes australasiennes. L’album des finissants de 1899 décrit le Jardin botanique de McGill comme occupant « une situation dominante au sommet du chemin de la Côte-des-Neiges, à environ un mille et demi du Collège, et couvrant une superficie d’environ neuf acres ». Les Jardins accueillent les étudiants de McGill, surtout en hiver, pour les cours de botanique, et sont fréquentés gratuitement par le grand public. Il semble que les Jardins cessent d’exister aux alentours de 1901, sans autre mention dans les archives historiques de leur utilisation voire de leur fermeture.

Collection Blacker-Wood en zoologie et ornithologie

Autrefois une importante ressource de recherche et d’enseignement pour les sciences biologiques, la Collection Blacker-Wood en zoologie et ornithologie fait maintenant partie des livres rares et des collections spéciales de la Bibliothèque de McGill. Elle contient plus de quatorze mètres de documents constitués de manuscrits et de lettres, de peintures et de dessins, de livres et d’artefacts jamais publiés. Créée en 1920, cette collection historique constituait autrefois l’une des principales collections de recherche en zoologie en Amérique du Nord.

Elle trouve son origine dans les travaux de Casey Albert Wood, diplômé mcgillois et ophtalmologue réputé, dont les recherches s’étendent à l’histoire de l’ophtalmologie, à l’ophtalmologie comparative et à l’ornithologie, et qui se passionne finalement pour la collection de livres et d’autres documents sur ces sujets. En 1920, il fonde la Collection Blacker-Wood à McGill, une bibliothèque d’ornithologie dotée d’une collection connexe en zoologie des vertébrés. Le centre d’intérêt de la bibliothèque s’étend progressivement à tous les aspects de la zoologie, à l’exception de l’entomologie. Entre 1920 et sa mort, en 1942, Casey Wood voyage beaucoup en vue d’acquérir des documents pour la bibliothèque.

Parmi les points forts de la collection, citons la collection Ivanow de manuscrits persans, arabes et ourdous, les réimpressions Gurney sur les crustacés, les archives de la Société d’histoire naturelle de Montréal, des manuscrits rares sur la zoologie, des dactylogrammes annotés, des épreuves de galée, des lettres de naturalistes des XIXe et XXe siècles, des notes de recherche et de conférence, et plus de 10 000 peintures et dessins d’animaux. La collection représente principalement les Philippines et d’autres régions de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique Sud, mais porte aussi sur l’Amérique du Nord et l’Amérique centrale et sur d’autres régions. La collection comprend également le Livre des plumes de Dionisio Minaggio, entièrement fabriqué à partir de peaux et de plumes d’oiseaux.

L’industrie prend racine : l’Institut de recherches sur les pâtes et papiers

1927 – 1945 

Établissement de recherche et d’enseignement très dynamique et productif, l’Institut de recherches sur les pâtes et papiers est à l’origine du lien entre McGill et la recherche industrielle coopérative.

En 1927, en réponse à une tendance plus lourde dans la société et la science, la création de l’Institut de recherche sur les pâtes et papiers à McGill marque une ouverture vers l’industrie et l’établissement de liens étroits entre la recherche en chimie et d’importantes innovations pratiques. En tant que centre de recherche et d’enseignement très dynamique et productif, l’Institut forme du personnel hautement qualifié, mène des travaux et diffuse des informations techniques.

À l’origine, il se compose du Département de chimie de la cellulose de McGill, de la Division des pâtes et papiers des laboratoires des produits forestiers du gouvernement et des laboratoires de recherche de l’Association des pâtes et papier. Toute cette activité de recherche initiale vise l’étude des fibres de bois et s’étend à l’étude de tous les aspects, depuis la croissance des semis dans la forêt jusqu’à la production de pâte à papier et de papier fini. Le Pavillon est équipé de grands moulins de pâte à papier et d’autres équipements mécaniques. Le financement est abondant et soutenu de manière coopérative par le secteur et le gouvernement. Cela reflète le désir de rendre la recherche scientifique utile et de permettre le déploiement d’applications industrielles au début du vingtième siècle.

Ce qui rend l’Institut unique est la nature coopérative de sa recherche industrielle. Au milieu du siècle, les chercheurs ne sont plus cloisonnés et participent plutôt à des projets en équipe ou à des groupes de travail. Les équipes sont composées de chercheurs et de techniciens de tous les départements de l’Institut. En outre, l’Institut participe largement à la formation postuniversitaire, mais ne limite pas le travail et la formation préalable à l’industrie de la pâte et du papier. Les diplômés sont donc tout aussi bien préparés à entrer dans n’importe quel secteur d’activité, ce qui les conduit souvent à un travail constructif.

De nombreux chercheurs et étudiants aux cycles supérieurs importants bénéficient du modèle unique de l’Institut. En 1930, William Chalmers, diplômé mcgillois, contribue à la création du plexiglas. De même, la fabrication de la vanille artificielle, la vanilline, est découverte en étudiant la lignine. L’Institut attire sur le campus de nombreux scientifiques de renom, tels que Harold Hibbert, Clifford Purves, et Stanley Mason, ce qui met grandement en valeur la réputation de McGill en matière de recherche.

L’Institut s’enorgueillit de sa capacité à mener des recherches innovantes dans l’industrie sans priver les universités des services de leurs spécialistes de renom. C’est le lien entre la recherche fondamentale et l’application qui rend l’Institut si efficace et permet au secteur d’accroître son soutien malgré les difficultés économiques. Le Pavillon des pâtes et papiers poursuit son travail aujourd’hui et continue de partager ses installations entre le Département de chimie et le Département de génie chimique.

Stanley Mason (1914-1987), père de la microrhéologie. Né à Montréal, Stanley Mason obtient son doctorat en chimie physique à l’Université McGill en 1939. Il travaille pour le ministère de la Défense nationale et la Division de l’énergie atomique du Conseil national de recherches avant de revenir à McGill en 1946 comme professeur au Département de chimie et membre de l’Institut de recherche sur les pâtes et papiers. Il est directeur de la Division de chimie appliquée de l’Institut des pâtes et papiers jusqu’à sa retraite en 1978, nommé professeur titulaire de la Chaire de chimie Otto-Maas en 1979 et obtient le statut de professeur émérite en 1985. Pendant son séjour à l’Université, Stanley Mason supervise plus de 60 étudiants de doctorat et publie au-delà de 270 ouvrages.

Stanley Mason et ses étudiants révolutionnent la compréhension des suspensions et des dispersions fluides. Il invente le terme « microrhéologie » pour décrire un nouveau cadre théorique aux applications multiples. Même si le contexte de ses recherches est l’industrie de la pâte et du papier, les résultats de ses travaux sur la microrhéologie et le mouillage trouvent également des applications en médecine, en météorologie et en sciences de l’environnement. Ses recherches lui valent une réputation internationale et de nombreuses distinctions tout au long de sa carrière, dont le prix Marie-Victorin en 1986 (la plus haute distinction scientifique au Québec). De même, le prix biennal de la Société canadienne de rhéologie est nommé en son honneur.

 

Une nouvelle science de l’esprit : de la philosophie à la psychologie

1910 – 1948

Le Département de psychologie de McGill, l’un des plus anciens du Canada, s’est développé à partir de ses racines introspectives pour devenir une machine à penser expérimentale au cours du vingtième siècle.

Le Département de psychologie de l’Université McGill est l’un des plus anciens du Canada, le premier cours de psychologie ayant été donné en 1850 par le Dr W. T. Leach. La psychologie voit toutefois le jour dans le Département de philosophie et est alors connue sous le nom de « philosophie de l’esprit ».

Les philosophes et les psychologues de la fin du XIXe siècle ne divergent pas sur les questions de l’esprit; les deux groupes s’intéressent à la sensation, à la perception, à la cognition, à l’affection et à la volition, toutes des composantes de la psychologie moderne. La différence entre le domaine émergent de la psychologie et son foyer dans la philosophie de l’esprit et de la morale est un changement valorisant la méthode expérimentale plutôt que l’introspection et l’observation. Sous la direction de John Clark Murray, la psychologie devient aussi populaire que la philosophie au sein du Département, jetant ainsi les bases de l’essor de la psychologie expérimentale au début du vingtième siècle.

Durant la première décennie du XXe siècle, d’autres cours de psychologie sont ajoutés et, chaque année, des modifications sont apportées au programme d’études, ce qui permet de présenter de nombreuses sous-disciplines connues de la psychologie, comme la pédopsychologie en 1908. En 1905, J. W. A. Hickson devient le premier professeur de psychologie officiellement nommé à McGill. Durant cette période, il devient également possible d’obtenir un diplôme spécialisé (honours) et une maîtrise en psychologie. En 1909, le programme d’études en psychologie du Département de philosophie de l’esprit et de la morale se développe et se différencie au point de nécessiter l’embauche d’un psychologue expérimental, le Dr William Dunlop Tait.

La nomination de William Tait mène directement à la création, en 1910, du premier Laboratoire de psychologie de McGill, le deuxième du genre au Canada. Le Laboratoire occupe dix-huit pièces du Pavillon des arts.

Le Laboratoire de psychologie occupe des pièces du Pavillon des arts. Dans la bibliothèque principale se trouvent les principaux périodiques et ouvrages de référence sur toutes les branches de la science. En outre, au cours de l’année, une quantité considérable d’appareils s’ajoute, de sorte que le laboratoire est maintenant équipé pour la réalisation de travaux de recherche spécialisés en psychologie expérimentale, en psychologie physiologique et en psychologie appliquée. Le même équipement sert également à former les étudiants aux méthodes de la psychologie expérimentale et fournit du matériel pour les démonstrations et les conférences.

Dans les années 1920, les étudiants en psychologie deviennent rapidement plus nombreux que ceux en philosophie au sein du département commun. Finalement, les différences entre la philosophie et la psychologie, ainsi que les grandes divergences personnelles entre les chercheurs du Département, nécessitent leur séparation et le Département de psychologie est officiellement fondé en 1922. Désormais rattachés à un département distinct, les professeurs Tait et Kellogg développent rapidement les études supérieures et le premier doctorat est décerné en 1933. Le programme initial porte sur la connaissance de méthodes statistiques avancées et sur la capacité de concevoir et de construire des appareils expérimentaux simples.

À partir des années 1920, la psychologie est enseignée principalement comme une discipline appliquée, avec des cours orientés vers la psychologie des affaires et de l’éducation. En 1939, le Département se préoccupe également d’appliquer ses travaux sur les tests psychologiques pour contribuer à l’effort de guerre. En 1946, à la suite de la nomination de Robert B. MacLeod au poste de directeur, le Département se réoriente vers une conception plus théorique et scientifique de la psychologie, avec un fort accent sur l’expérimentation.

L’année 1948 marque le plus grand changement dans le développement de la psychologie à McGill avec la nomination de Donald Olding Hebb comme directeur. Sa présence marque le début d’une période de croissance qui se traduit par une augmentation du nombre d’étudiants de premier et de deuxième cycle, du nombre d’employés et de la productivité de la recherche. La réputation du Département se déploie alors au sein et au-delà de l’Université. Sous la direction de Donald Hebb, plusieurs des psychologues et chercheurs les plus remarquables du XXe siècle viennent à McGill, notamment les docteurs Dalbir Bindra, Virginia Douglas, Wallace « Wally » Lambert, Ronald Melzack, Brenda Milner, Peter Milner, et James Olds.

Donald Olding Hebb (1904-1985) is often considered the “father of neuropsychology” because of the way that he was able to bring together neuroscience and psychology. This achievement was accomplished largely through his work The Organization of Behavior: A Neuropsychological Theory which was published in 1949. In this book, Hebb proposes that learning depends on the strengthening of synaptic links between assemblies of co-activated neural cells. This core principle of Hebbian Theory, which is often paraphrased as "Neurons that fire together wire together”, had a profound influence in Psychology, Neuroscience, and Artificial Intelligence.

Donald Olding Hebb (1904-1985) est souvent considéré comme le « père de la neuropsychologie » en raison de la manière dont il a su réunir les neurosciences et la psychologie. Cette réalisation s’accomplit en grande partie grâce à son livre L’organisation du comportement; une théorie neuropsychologique, publié en 1949. Dans son ouvrage, Hebb prétend que l’apprentissage dépend du renforcement des liens synaptiques entre des ensembles de cellules neuronales co-activées. Ce principe fondamental de la loi de Hebb, souvent paraphrasé par la formule « Les neurones qui s’activent ensemble se connectent ensemble », a eu une profonde influence sur la psychologie, les neurosciences et l’intelligence artificielle.