Roy States a ressenti les effets directs du racisme toute sa vie. Refusé par l’armée canadienne durant un conflit qui, lui a-t-on dit, était une « guerre de Blancs », il a persisté et s’est joint à un autre régiment comme clairon dans les années 1950. Inspiré par le nationaliste noir Marcus Garvey, il a commencé dès l’âge de 15 ans à recueillir de l’information et des livres sur les Noirs dans l’histoire, parce qu’il ne trouvait que très peu d’ouvrages sur le sujet à la bibliothèque de son quartier. Ainsi est née une passion qu’il allait entretenir tout au long de sa vie.
Retraité de l’armée canadienne, Roy States est arrivé à l’Université McGill en 1969 et supervisait les événements spéciaux. Imperturbable sous la pression, il était le maître de cérémonie de l’Université. En dehors de la sphère professionnelle, il était fortement engagé comme militant, conférencier, mentor et écrivain sur la scène montréalaise et canadienne.
En 1981, sa vaste collection d’ouvrages sur l’histoire des Noirs (la plus importante collection privée du genre au Canada à l’époque) a été offerte à la Division des livres rares et fonds spéciaux de McGill. Ces ouvrages rendent compte de l’apport des Noirs à l’histoire et de leurs nombreuses contributions ignorées ou gommées au fil du temps. Selon Roy States, il était essentiel de faire connaître cette réalité pour lutter efficacement contre la discrimination. Son travail a été salué à la toute première cérémonie annuelle de remise des National Black Awards, en 1973. La même année, il a prononcé le discours liminaire d’un congrès sur l’action positive à New Glasgow, en Nouvelle-Écosse. Il a alors déclaré : « On doit cesser de déshumaniser un peuple entier. Nous sommes tous le peuple de Dieu. On nous a dit que nous n’avions rien apporté à l’histoire, et pourtant, le sucre que vous mettez dans votre café, les croustilles, la crème glacée, le piano mécanique et les camions réfrigérés ont tous été imaginés par un homme noir. »