1896

La voie ensoleillée : premier francophone à la tête du Canada

Pendant ses études à McGill, où il obtient son diplôme de droit en 1864, Wilfrid Laurier montre déjà des qualités de rassembleur. Choisi pour prononcer le discours d’adieu de sa cohorte lors de la cérémonie de remise des diplômes, le charismatique francophone s’adresse en français à un auditoire majoritairement anglophone et défend avec passion les principes qui deviendront son héritage au pays : « conciliation, harmonie et entente entre les différents éléments qui composent notre pays ».

Wilfrid Laurier commence à s’intéresser à la politique pendant ses études universitaires, et après une brève incursion dans le milieu du droit, il plonge dans une carrière politique, d’abord à titre de député de l’Assemblée législative du Québec en 1871, puis de député fédéral trois ans plus tard. Il est nommé chef du parti libéral en 1887 et remporte les élections fédérales en 1896. Dans son célèbre discours connu sous le nom de « The Sunny Way » (« La voie ensoleillée), il lance un message d’unité et de compromis qui a de nombreux points communs avec le discours prononcé à l’université plus de trente ans plus tôt. Wilfrid Laurier sera le septième premier ministre du Canada et le premier francophone à assumer ce rôle.

André Pratte, journaliste à La Presse et biographe de Wilfrid Laurier, fait remarquer que « le simple fait qu’il soit devenu premier ministre a eu un effet indélébile sur le pays, tant pour les Canadiens français, qui ne croyaient avoir aucun point commun avec les citoyens des autres provinces, que pour les Canadiens anglais, dont la plupart étaient britanniques. Il s’est aperçu très rapidement que la survie du pays passait par l’union des francophones et des anglophones ».

Aujourd’hui, on se souvient de Wilfrid Laurier pour l’intégration de la Saskatchewan et de l’Alberta parmi les provinces canadiennes, ainsi que pour la création de la marine canadienne. Il aide également le Canada à se tailler une place de choix sur l’échiquier mondial et favorise l’harmonie nationale à une époque où les débats sur les questions religieuses, culturelles et autres menacent l’unité du pays.