1971 - Present

Vers l’Université de demain

En 1971, la Faculté des sciences est officiellement fondée en tant qu’entité distincte de la Faculté des arts. La disposition générale de la Faculté ressemble beaucoup à celle que nous avons aujourd’hui, à l’exception de l’informatique, qui s’y est rattachée en 1997. Au cours de cette période, les frontières entre les différents départements deviennent plus perméables. Plusieurs instituts et programmes de recherche interdisciplinaires sont créés. Le corps étudiant devient aussi beaucoup plus international et diversifié. Le grand public peut désormais fréquenter la Faculté : le Musée Redpath sert de tremplin à plusieurs initiatives de rayonnement qui contribuent largement à accroître l’accès aux connaissances scientifiques au-delà des murs de l’établissement.

 

1969 – 2018

En 1958, le premier ordinateur arrive à l’Université McGill. George Lee (John) d’Ombrain, titulaire de la Chaire de génie électrique, supervise cette avancée technologique qui favorise ensuite le développement de l’informatique dans les années 1960. Avant la création officielle de l’École d’informatique au sein de la Faculté de génie, en 1969, les étudiants aux cycles supérieurs ont suivi leurs cours d’informatique à la Faculté des études supérieures, jusqu’en 1964. Le génie informatique évolue aussi parallèlement, à l’extérieur de l’École d’informatique. En fait, le terme « école » est choisi pour indiquer l’indépendance vis-à-vis du génie. Cependant, les deux départements partagent régulièrement les ressources, notamment les locaux, les nominations et les assistants d’enseignement, ce qui laisse souvent l’École d’informatique en sous-effectif et sous-financée. Les ingénieurs craignent qu’un programme d’informatique proprement dit n’éloigne les étudiants du génie, ce qui conduit chacun des programmes universitaires à agir de manière indépendante.

En 1978, bien qu’il n’existe pas encore de programme de premier cycle dédié à la discipline, une mineure en informatique est mise sur pied. L’année suivante est créé un programme de premier cycle avec spécialisation, mais aucune majeure ne fera son apparition avant les années 1990. C’est à ce moment que l’École d’informatique met sur pied une nouvelle majeure en informatique (dans la Faculté des sciences), ainsi qu’un baccalauréat avec majeure en 1993. Enfin, en 1997, à la suite d’un débat animé entre les doyens des facultés de génie et des sciences, l’École d’informatique est intégrée à la Faculté des sciences.

L’École est à l’origine installée dans le Pavillon Burnside, construit en 1970, où se trouve également le Centre d’informatique. En 1988, elle déménage dans le Pavillon de génie McConnell, récemment agrandi et rénové, où elle se trouve encore aujourd’hui. En 2003, grâce au don de 10 millions de dollars de Lorne Trottier et à l’investissement de 7 millions de dollars du gouvernement du Québec, le Pavillon Lorne-Trottier ouvre ses portes pour offrir à l’École d’informatique et au Département de génie électrique et informatique l’espace supplémentaire dont ils avaient grandement besoin ainsi que les plus récents équipements de haute technologie. Aujourd’hui, le Pavillon abrite des laboratoires d’enseignement de pointe, des salles d’apprentissage interactives et des espaces de réunion.

Malgré la lenteur et le caractère fragmentaire du développement universitaire de l’informatique à McGill, l’École a toujours été un centre de recherche novateur et un chef de file du progrès scientifique, au Québec comme ailleurs. En 1984, McGill possède les deux nœuds USENET (première forme de forum de discussion en ligne, souvent utilisée par les universitaires) du Québec. En 1992, McGill est également la plateforme pivot pour tous les réseaux universitaires du Québec. En 1985, quatre professeurs mcgillois créent le Centre de recherche sur les machines intelligentes de l’Université McGill, aujourd’hui connu sous le nom de Centre sur les machines intelligentes, pour étudier les systèmes intelligents. Ce dernier demeure un centre de recherche interdisciplinaire collaboratif dont l’objectif est de faire progresser l’état des connaissances en robotique, en automatisation, en intelligence artificielle, en vision par ordinateur, en théorie des systèmes et du contrôle, en imagerie médicale, en animation par ordinateur, en reconnaissance vocale et en apprentissage automatique et par renforcement.

L’École a accueilli nombre de diplômés et de professeurs ayant apporté une contribution scientifique importante à la société. En 1990, Alan Emtage, étudiant en maîtrise d’informatique à McGill, écrit le premier moteur de recherche Internet, Archie, alors qu’il tente, en compagnie de Bill Heelan et de Peter Deutsch, de connecter l’Université à Internet. En 1992, Alan Emtage et Peter Deutsch créent Bunyip Information Systems, la première société de services d’information sur Internet au monde.

Cet héritage d’innovation se poursuit aujourd’hui, puisque l’École d’informatique de McGill est le deuxième département d’informatique le mieux financé au Canada. Au cours de la dernière décennie, Montréal devient une puissance mondiale en intelligence artificielle, en partie grâce à l’excellence de son corps professoral, de ses étudiants et de ses diplômés, ainsi qu’au Laboratoire d’apprentissage et de raisonnement de McGill, de renommée internationale. En 2017, deux de ses codirectrices, Doina Precup et Joëlle Pineau, se joignent à deux des principaux laboratoires d’intelligence artificielle de l’industrie. Doina Precup est nommée chef de DeepMind, division de Google, à Montréal, et Joëlle Pineau, chef du laboratoire d’intelligence artificielle de Facebook, à Montréal. Il s’agit de nominations historiques. Ces deux entreprises ont été les premiers laboratoires d’intelligence artificielle canadiens lancés par Google et Facebook.

 

Faculté de renom et diplômés remarquables

1971 – 2000

Après les années 1970, de nombreux diplômés et membres du corps professoral perpétuent la riche tradition d’innovation et de progrès dans leurs travaux de recherche à McGill. Voici un portrait de pionniers de la Faculté des sciences.

Si vous souhaitez proposer le nom d’autres diplômés et membres du corps professoral pour cette liste, communiquez avec nous à l’adresse suivante : timeline200.science@mcgill.ca.

 

Graham Bell (1949 -)

Graham Bell est biologiste évolutionniste et professeur à McGill depuis 1976. Ses contributions les plus notoires proviennent de l’évolution expérimentale, mais il est également reconnu pour ses influences majeures en écologie et en évolution, notamment sur la théorie de la biodiversité neutre. Cette théorie fournit une explication simple et cohérente des schémas écologiques à grande échelle, tels que l’augmentation de la diversité des espèces avec la superficie, et l’évolution des principales caractéristiques des cycles de vie, comme le sexe et la sénescence.

 

Yoshua Bengio (1964 -)

Yoshua Bengio obtient son baccalauréat ès sciences, sa maîtrise en génie et son doctorat en informatique à McGill. Il est considéré comme l’un des plus grands experts mondiaux en intelligence artificielle, en réseaux neuronaux artificiels et en apprentissage profond. Il agit actuellement à titre de directeur scientifique de MILA (Montreal Institute for Learning Algorithms). En 2016, il a cofondé Element AI – un incubateur d’intelligence artificielle basé à Montréal qui transforme la recherche en intelligence artificielle en applications commerciales réelles. Yoshua Bengio a reçu de nombreuses récompenses pour ses importantes contributions. Il a notamment été nommé Officier de l’Ordre du Canada et membre de la Société royale du Canada, et a reçu le prix Marie-Victorin du Québec et le prix Turing.

 

Alan Emtage (1964 -)

Alan Emtage est un informaticien qui a obtenu un baccalauréat ès sciences en 1987 et une maîtrise ès sciences en 1991 à McGill. Il conçoit et met en œuvre la première version d’Archie, un moteur de recherche Internet antérieur au Web permettant de localiser des documents dans des archives informatiques publiques. Son travail est largement considéré comme le premier moteur de recherche Internet au monde. Il préside plusieurs groupes de travail au sein de l’Internet Engineering Task Force, notamment celui qui a établi la norme pour les adresses URL. En 2017, il est intronisé au Temple de la renommée d’Internet à titre d’innovateur.

 

Laurie Hendren (1958 – 2019)

Laurie Hendren est une informaticienne canadienne, professeure à McGill de 1990 jusqu’à son décès en 2019. De 2005 à 2014, elle occupe le poste de vice-doyenne aux études de la Faculté des sciences. Laurie Hendren développe de nouvelles méthodes analytiques pour détecter le crénelage et l’interférence dans les programmes manipulant des structures de données dynamiques basées sur des pointeurs, et travaille sur les compilateurs de parallélisation, la programmation par aspects et les applications de l’analyse de programmes au génie logiciel.

 

Tim Moore

Depuis 1971, Tim Moore est géographe physique et professeur à McGill. Ses recherches portent sur les relations entre le sol et l’environnement, en particulier sur la régulation des flux de gaz, de nutriments et d’éléments entre le sol et l’atmosphère, la biosphère et l’hydrosphère, ainsi que sur l’effet des activités humaines et du changement climatique et global. Tim Moore applique ses travaux à des sites d’étude internationaux, notamment les terres humides et les sols forestiers du Canada, des États-Unis, du Panama et de la Nouvelle-Zélande.

 

Kelvin Ogilvie (1942 -)

Kevin Ogilvie est un chimiste et un politicien canadien. Expert chevronné en matière de biotechnologie, de chimie bioorganique et de génie génétique, il a été professeur à McGill de 1974 à 1987. Parmi ses réalisations scientifiques, on compte le développement de la chimie de la « machine à gènes », un processus automatisé pour la fabrication de l’ADN, et le développement d’une méthode générale pour la synthèse chimique de grandes molécules d’ARN, qui demeure la base de la synthèse de l’ARN dans le monde entier.

 

Sherry Olson (années 1930 -)

Sherry Olson est géographe historique et professeur à McGill depuis 1973. Elle bâtit sa réputation sur son travail de pionnière en matière de santé publique, de démographie et de systèmes d’information géographique, et fait progresser de manière significative la compréhension critique de l’environnement, de l’histoire sociale, urbaine et du genre en Amérique du Nord. Son entreprise collective la plus ambitieuse est « MAP : Montréal l’avenir du passé », un projet de système d’information géographique historique sur 20 ans qui rassemble des cartes interactives en quatre dimensions de Montréal de 1881 à 1901.

 

Jade Raymond (1975 -)

En 1998, Jade Raymond obtient un baccalauréat en informatique de McGill. Elle travaille ensuite chez Sony où elle participe à la création du premier groupe de recherche et développement de Sony Online. En 2004, elle transfère ses compétences et son expertise à Ubisoft Montréal, où elle est l’une des principales créatrices du jeu Assassin’s Creed et agit ensuite à titre de chef de production pour le jeu Assassin’s Creed II, à Electronic Arts en 2015, où elle a formé les Studios Motive basés à Montréal, et à Google en 2019, en dirigeant le premier studio de jeux de Google appelé Stadia Games and Entertainment. Elle fait partie des quelques dirigeants du milieu des jeux vidéo figurant dans la liste des 500 chefs d’entreprise les plus influents de 2018 du magazine Variety, qui façonnent l’industrie mondiale du divertissement.

 

Godfried Toussaint (1944 – 2019)

Godfried Toussaint est un informaticien canadien et professeur à McGill de 1972 jusqu’à sa retraite en 2007. Considéré comme le père de la géométrie algorithmique au Canada, il résout de nombreuses questions fondamentales de la discipline, comme la présentation du premier algorithme optimal pour calculer le diamètre d’un ensemble de points, le développement de l’outil « à compas rotatifs » pour résoudre une foule de problèmes géométriques, et la triangulation efficace d’un polygone simple ou d’un ensemble de points. Il est également connu pour ses importantes contributions à la recherche mathématique en musique, à la recherche d’informations musicales, à la théorie de l’information, ainsi qu’à la reconnaissance et à l’analyse des formes.

 

Vaira Vike-Freiberg (1937 -)

Vaira Vike-Freiberg, professeure, universitaire, oratrice et politicienne, obtient un doctorat en psychologie expérimentale à McGill en 1965. De 1965 à 1968, elle travaille au Département de psychologie de l’Université de Montréal où elle enseigne un large éventail de sujets, notamment la pharmacologie, la psycholinguistique, les théories scientifiques, les méthodes expérimentales, le langage et les processus cognitifs. Elle est élue pour deux mandats présidentiels en Lettonie : le premier en 1999 et le second en 2003. Pendant son mandat, elle joue un rôle important dans l’intégration de la Lettonie à l’Union européenne et à l’OTAN.

 

Dafydd Williams (1954 -)

Dafydd Williams cumule quatre diplômes de l’Université McGill : un baccalauréat en biologie en 1976, une maîtrise en physiologie en 1983, un doctorat en médecine en 1983 et une maîtrise en chirurgie en 1983. Il se surpasse dans ses nombreuses professions à titre de médecin, conférencier, PDG, auteur et astronaute retraité de l’Agence spatiale canadienne. En 2007, Dafydd Williams est spécialiste de mission lors de deux vols spatiaux : STS-90 et STS-118. Au cours de la mission de 2007, il effectue trois sorties dans l’espace, devenant ainsi le troisième Canadien à le faire et établissant un record de durée, soit 17 heures et 47 minutes. Il est également le premier non-américain à occuper un poste de direction à la NASA à la Direction des sciences spatiales et de la vie au Centre spatial Johnson et un poste d’administrateur associé adjoint du Bureau des vols spatiaux.

 

Le vénérable Musée Redpath se modernise

1882 à aujourd’hui

Le Musée Redpath a été fondé il y a près de 140 ans. S’il a depuis subi de nombreux changements, il est néanmoins demeuré un centre d’excellence en matière de recherche, d’enseignement et de rayonnement.

Le 15 septembre 1882, le Musée Redpath, qui abrite la collection d’histoire naturelle de William Dawson, principal et professeur de longue date à McGill, ouvre ses portes. Depuis 1855, William Dawson collectionne des spécimens d’histoire naturelle. Le Musée fournit les installations nécessaires pour les spécimens botaniques, paléontologiques, géologiques et zoologiques, tout en soutenant l’expansion de la recherche et de l’enseignement géologiques, zoologiques et botaniques. Le Musée doit son nom à Peter Redpath, dont le soutien financier a facilité la création.

L’édifice est le premier musée du genre construit au Canada. Son architecture unique, qui marie des éléments de styles esthétiques anciens avec des colonnes emblématiques d’inspirations modernes nord-américaines et européennes, est un exemple inhabituel et tardif du style néo-grec au Canada. À l’origine, il est prévu que le musée soit utilisé exclusivement pour la recherche et l’enseignement, mais dès le début, il est accessible au grand public.

La collection du musée s’enrichit au fil du temps, grâce aux dons de bienfaiteurs et aux acquisitions de collections personnelles, en paléontologie, minéralogie, zoologie et cultures du monde. Pendant les années de guerre et la Grande Dépression, la croissance du musée ralentit. Ce relâchement est exacerbé par une nouvelle orientation vers la biologie expérimentale et le passage à la recherche en laboratoire en biologie. Par conséquent, dans les années 1950, le musée change de vocation pour servir principalement de musée d’histoire naturelle, devenant un lieu de rencontre pour les écoliers de Montréal. Au cours des années 1970, en raison d’une pression financière extrême, le musée ferme ses portes.

Le musée recentre alors ses énergies sur la recherche et l’enseignement. En 1986, le Musée Redpath ouvre de nouveau ses portes au grand public tout en poursuivant son rôle scientifique. Depuis, il continue de se développer en se concentrant sur la recherche et l’enseignement, en préservant ses collections et en remplissant un mandat public d’éducation et de rayonnement.

Aujourd’hui, sa collection contient plus de 3 millions de spécimens, dont 20 000 spécimens de minéraux du monde entier, plus de 10 000 spécimens de vertébrés et 14 000 spécimens d’invertébrés, de même que 17 000 artefacts anthropologiques et ethnologiques, couvrant des milliards d’années de vie sur la planète Terre. Le musée possède une collection exceptionnelle de 11 000 plantes fossiles, qui rappelle les premiers champs d’intérêt de Charles Dawson en recherche. Il accueille chaque année de nombreux groupes scolaires et propose un riche programme de sensibilisation en tant que seul musée d’histoire naturelle à Montréal. Il s’agit également d’une unité interdisciplinaire au sein de la Faculté des sciences, qui propose des mineures et des majeures de premier cycle, ainsi qu’une formation aux cycles supérieurs en biodiversité, écologie, biologie de la conservation et biologie de l’évolution, avec six laboratoires de recherche affiliés. Fort de 140 ans d’histoire, le musée facilite aujourd’hui la recherche à l’échelle internationale tout en accueillant chaque année des milliers de visiteurs curieux, perpétuant ainsi l’héritage initial de William Dawson en faveur de la découverte scientifique.

Réserve naturelle Gault

1958 à aujourd’hui

La Réserve naturelle Gault est un lien historique qui relie le grand public et les chercheurs à un élément particulier du monde naturel.

Située à 30 kilomètres à l’est de Montréal en Montérégie, la réserve naturelle Gault englobe le mont Saint-Hilaire et a pour but de protéger 1 000 hectares de certains des derniers vestiges des forêts primaires de la vallée du Saint-Laurent. Elle abrite une flore et une faune diversifiées, ainsi que des minéraux rares, dont certains sont uniques à la région.

Mont-Saint-Hilaire, dont le nom abénakis Wigwômadenizibo signifie petite montagne en forme de maison, a longtemps été un lieu important, d’abord pour les Premières Nations algonquines, dont il constitue le territoire traditionnel. Bien que son nom suggère le contraire, il s’agit en fait d’une grande colline, faisant partie des collines montérégiennes, une chaîne isolée de collines vieilles de 118 à 133 millions d’années qui s’étend entre les montagnes Laurentiennes et les Appalaches. Le secteur de la Réserve naturelle a été légué à McGill en 1958 par Andrew Hamilton Gault. En 1913, Gault, un brigadier général et homme politique britannique connu pour avoir fondé la Patricia’s Canadian Light Infantry pendant la Première Guerre mondiale, fait l’acquisition du terrain. Selon ses propres mots, il donne le terrain à McGill afin que « ses beautés et ses attraits soient préservés à jamais, non seulement dans l’intérêt immédiat de l’Université elle-même, mais aussi à travers ses couloirs d’apprentissage, comme un grand héritage pour le bénéfice et le plaisir de la jeunesse du Canada ».

En 1958, le Domaine Gault est officiellement créé au sein de McGill, le terrain étant divisé en deux. Une partie est ouverte au grand public et aux résidents et sera utilisée à des fins récréatives, comme la randonnée. L’autre est fermée au public afin d’être préservée pour l’enseignement et la recherche à l’Université. En 1960, le lieu est nommé réserve d’oiseaux migrateurs. En 1972, Alice Johansen, elle-même diplômée de McGill, est nommée directrice du domaine. Sous sa direction, le Centre de la Nature Mont-Saint-Hilaire, un organisme sans but lucratif, est créé afin de promouvoir la conservation et l’éducation. En 1978, le Domaine Gault est désigné comme la première Réserve de la biosphère canadienne et fait partie du Programme sur l’Homme et la biosphère de l’UNESCO.

En 2000, le Domaine est officiellement rebaptisé « Réserve naturelle Gault » afin de mieux refléter son orientation vers la conservation. Depuis, la Réserve ne cesse d’évoluer, le Centre de recherche en limnologie de McGill et le Conservatoire de la nature Wilder et Helen Penfield sont passés sous sa direction. Le Centre de recherches en limnologie, actuellement situé à Baie Sargent, gère un programme de recherche de renommée internationale sur l’étude des lacs des Cantons de l’Est. Actuellement, la Réserve naturelle compte plus de 25 kilomètres de sentiers, ouverts au public en tout temps. Le Conservatoire de la nature Wilder et Helen Penfield, situé sur le lac Memphrémagog, abrite des laboratoires humides équipés pour différents types d’analyses limnologiques. En plus du littoral, le terrain rattaché à la station comprend environ un kilomètre carré de forêt. Les ruisseaux, les rivières et plus de 30 lacs et étangs à proximité offrent un large éventail de sites d’étude.

Ce n’est pas seulement l’environnement physique de la Réserve Gault qui en fait un point d’intérêt. La Réserve a également été au centre des traditions locales pendant des siècles. De nombreuses histoires décrivent les bizarreries de la montagne, comme la croyance selon laquelle des fées y vivent, ou qu’un cheval blanc apparaît chaque printemps pour prévenir les agriculteurs locaux de ne pas planter leurs cultures trop tôt. Plus récemment, elle est décrite comme une plaque tournante d’ovnis. S’il est difficile de dire ce qui pourrait attirer la vie extra-terrestre, la Réserve naturelle est néanmoins un joyau de la nature pour les chercheurs comme pour le grand public.

 

1882 à aujourd’hui

Vulgarisation scientifique

Bien que la science universitaire soit souvent considérée comme dissociée de la société en général, McGill encourage depuis de nombreuses années l’apport de partenaires externes en recherche et explore les liens entre science et société. Cela se reflète aujourd’hui dans le travail de l’Organisation pour la science et la société, du Musée Redpath, de la Réserve naturelle Gault et des divers programmes de rayonnement des sciences. Cela dit, il y a plus de 125 ans que ces activités de rayonnement se déroulent à McGill.

La première incursion de l’Université McGill en sensibilisation du public, par l’intermédiaire du Musée Redpath, n’est pas entièrement intentionnelle. En 1882, le musée ouvre ses portes et doit abriter la collection d’histoire naturelle de William Dawson, le principal de McGill à l’époque. À l’origine, le Musée Redpath est destiné principalement à l’enseignement et à la recherche, mais il devient rapidement une attraction populaire. Au fil du temps, grâce aux dons des bienfaiteurs et à l’acquisition d’autres collections, le musée s’agrandit pour inclure la paléontologie, la minéralogie, la zoologie et les cultures du monde.

Bien que de nombreuses personnes connaissent le lien entre Harry Houdini et McGill, elles ignorent peut-être qu’une exploration de la pseudoscience en est à l’origine. En 1926, le professeur William Tait est président honoraire de la Société de psychologie de McGill. Dans le cadre de ses fonctions, il invite des conférenciers de renom à faire des présentations à l’Association étudiante de l’Université. William Tait espère défier les opinions pseudoscientifiques sur la psychologie. Il invite donc Harry Houdini, magicien bien connu, à parler de magie. Houdini souhaite lui aussi stimuler l’esprit critique au sujet de la magie. L’événement fait salle comble et son discours connaît un grand succès. C’est à la suite de cette conférence que Houdini rencontre deux étudiants de McGill, Sam Smilovitch et Jack Price, qu’il invite au Théâtre Princess où il se produira plus tard. Le lendemain, les deux étudiants emmènent un ami, Jocelyn Whitehead, dans la loge d’Houdini. L’histoire bien connue veut que Jocelyn Whitehead s’enquière de la solidité de l’estomac de Houdini et lui assène plusieurs coups à l’estomac sans prévenir. Houdini poursuit ses activités, mais commence à se sentir mal et meurt d’une appendicite quelques jours plus tard. Bien qu’il soit peu probable que ces coups aient conduit à la mort de Houdini, ils immortalisent le lien entre le magicien et l’Université, où a eu lieu une conférence rappelant aux participants l’importance de ne pas croire tout ce qu’on voit et qu’on entend.

Dans les années 1950, la Réserve naturelle Gault devient une attraction publique très prisée de McGill. Située à 30 kilomètres à l’est de Montréal en Montérégie, elle englobe le mont Saint-Hilaire et a pour but de protéger 1 000 hectares de certains des derniers vestiges des forêts d’origine de la vallée du Saint-Laurent. Elle abrite une flore et une faune diversifiées, ainsi que des minéraux rares, dont certains sont uniques à la région. En 1958, le Domaine Gault est officiellement créé au sein de l’Université McGill, le terrain étant divisé en deux. Une partie du terrain est ouverte au grand public et aux résidents et peut être utilisée à des fins récréatives, comme la randonnée. L’autre section est fermée au public et sert exclusivement à l’enseignement et à la recherche.

Dans les années 1970, le rayonnement de McGill auprès du grand public continue de s’étendre, cette fois par l’intermédiaire de la chimie. En 1975, les professeurs titulaires de la Chaire de chimie Dawson, Ariel Fenster et Joe Schwarcz, créent un spectacle sur la magie de la chimie, qui fera l’objet de plus de 200 représentations en Amérique du Nord. Dans les années 1980, les deux hommes deviennent professeurs à McGill, mais continuent leur rôle en matière de sensibilisation par l’entremise de spectacles et de présentations. En 1999, ce travail est centralisé au sein de l’Organisation pour la chimie et la société, rebaptisé par la suite Organisation pour la science et la société. Elle a pour mission de promouvoir la pensée critique et la communication scientifique responsable et s’acquitte de son mandat grâce à son site Web, à des conférences publiques et au Symposium scientifique Lorne-Trottier.

Plus récemment, les programmes de vulgarisation scientifique de la Faculté des sciences mettent en relation des groupes scolaires et communautaires avec des enseignants de sciences et des étudiants bénévoles afin de rendre les connaissances scientifiques plus accessibles et de stimuler la curiosité à l’égard de la science en général.

 

Une approche interdisciplinaire pour établir une réputation mondiale

Maintenant

Les départements de la Faculté des sciences se spécialisent au fur et à mesure où les scientifiques de McGill et d’ailleurs adoptent des conceptions plus complexes et interdisciplinaires du monde naturel. Le XXe siècle marque la transition entre le mantra du « génie solitaire » et les équipes de recherche interdisciplinaires au sein des universités et des organisations et entre elles. L’imbrication innée des objectifs des universités et des centres de recherche gouvernementaux facilite la conclusion de centaines de partenariats entre McGill et des organismes de recherche externes au Canada et dans le monde. Pour les étudiants, l’interdisciplinarité de la Faculté des sciences est apparente et encouragée dès le premier cycle. Grâce au baccalauréat conjoint en arts et sciences, ainsi qu’au baccalauréat en sciences avec volet Mondialisation, les étudiants s’investissent dans des projets interdisciplinaires et internationaux. Ils élargissent leurs horizons en participant à des cours de langue, à des recherches indépendantes et à l’inclusion d’aspects du « monde réel » dans leur programme. Les départements de la Faculté des sciences se situent généralement parmi les 50 premiers dans le classement mondial des universités QS et le palmarès Times des études supérieures. Le Département des sciences atmosphériques et océaniques et le Département des sciences de la Terre et des planètes, en particulier, ont maintenu des classements internationaux particulièrement élevés ces dernières années.

La convergence du financement et des partenariats interdisciplinaires

En 2007 a lieu le lancement de la Campagne McGill, une collecte de fonds de 750 millions de dollars. Jusqu’alors, McGill et la Faculté des sciences se sont imposées de manière impressionnante sur la scène internationale avec un financement limité, notamment par rapport à leurs homologues établis dans le monde entier. La Faculté des sciences, entre autres, bénéficie grandement du don de 10 millions de dollars d’Hydro-Québec pour des bourses d’études et de perfectionnement en génie, en sciences et en droit; trois chaires de recherche en énergie éolienne et hydroélectrique, énergie renouvelable et prévisions météorologiques de pointe; et des fonds de démarrage pour la recherche de pointe en droit du développement durable et en nano-ingénierie. La Faculté noue plusieurs partenariats interdisciplinaires qui fusionnent différents départements et d’autres facultés. Pour n’en citer que quelques-uns, le Centre d’entreprises et d’innovation de Montréal aide de nombreuses jeunes entreprises scientifiques à prendre leur envol, comme Anomera, une entreprise issue de la Faculté des sciences qui transforme les ressources forestières renouvelables en ingrédients progressifs à base de cellulose pour les cosmétiques. En outre, tous les travaux sur la douleur sont menés au Centre Alan-Edwards de recherche sur la douleur, composé de chercheurs des Facultés de médecine, de médecine dentaire et des sciences. Il vise à réunir les chercheurs fondamentaux et cliniques de l’Université pour promouvoir la recherche et mettre au point des traitements contre la douleur chronique. Par ses activités et ses collaborations internationales, le Centre Alan-Edwards se concentre sur les découvertes et leurs applications cliniques qui améliorent la prévention et le traitement de la douleur chronique. Au cours de la dernière décennie, la Faculté des sciences renforce ses partenariats avec les chercheurs d’Environnement et Changement climatique Canada pour collaborer à la qualité des prévisions, à l’analyse des polluants nocifs et à l’étude de la prévisibilité des événements météorologiques au pays. De nouvelles unités, telles que l’École de l’environnement Bieler et l’Institut spatial de McGill, voient le jour pour réunir des chercheurs, y compris des étudiants, issus de différents départements et facultés.

Des centres de recherche de portée mondiale

La Faculté des sciences dispose d’installations sur le campus pour l’apprentissage et la recherche auxquelles s’ajoutent des stations dans le monde entier, ainsi que des programmes d’échanges internationaux et de recherche sur le terrain. À titre d’exemple, le cours d’études urbaines sur le terrain offre la possibilité d’effectuer de la recherche géographique dans des espaces urbains publics et semi-publics et de voir les techniques de cartographie, d’échantillonnage, de mesure, de photographie et d’entrevue. L’Institut de recherche Bellairs à la Barbade est le seul établissement d’enseignement et de recherche sous les tropiques au Canada, et l’une des zones d’intérêt de la stratégie internationale de l’Université dans la région circumpolaire, où sont installées la Station de recherche arctique et la Station de recherche subarctique de McGill. Ces dernières accueillent des usagers internationaux comme la NASA et le Programme du plateau continental polaire.

 

Partenariats internationaux et reconnaissance

Au cours des dernières décennies, nous avons assisté à l’émergence de plusieurs partenariats entre McGill et d’autres institutions internationales. Par exemple, les partenariats noués avec l’Institut scientifique Weizmann, la Faculté de médecine Sackler de l’Université de Tel-Aviv et l’Université Bar-Ilan couvrent la recherche sur le cancer, l’astrophysique, la biologie de l’évolution, les principales recherches biomédicales, ainsi que la recherche épigénomique sur la façon dont l’exposition aux médicaments, aux aliments et aux traumatismes physiques et émotionnels affecte le cerveau et le génome. De plus, McGill et RIKEN, la plus grande institution de recherche mondiale du Japon, s’emploient à créer un centre de recherche conjoint afin de renforcer les possibilités de convergence en nanotechnologie, en chimie verte et en sciences biomédicales de pointe. Enfin, parmi d’autres partenariats, McGill a conclu un accord avec le Centre des neurosciences de Zurich et l’Université d’Oxford pour des initiatives de recherche sur des sujets liés aux neurosciences.