1945-1970 

L’expansion de la Faculté des sciences

La science à McGill continue de se développer au milieu du XXe siècle, en s’appuyant sur les investissements et les progrès réalisés au cours de la première partie du siècle. Une distinction marquante est la portée internationale qu’atteint alors McGill. Entre 1930 et 1970, plusieurs instituts de recherche sont créés au Canada et à l’étranger. Cette période culmine avec la création officielle de la Faculté des sciences de McGill.

 

Aller plus loin : l’émergence d’instituts de recherche internationaux et interdisciplinaires

1931 – 1970

Au milieu du XXe siècle, les recherches scientifiques de McGill s’étendent au-delà de la région de Montréal, dans les hémisphères arctique et austral.

Entre 1930 et 1970, plusieurs instituts et stations de recherche scientifique sont créés, élargissant ainsi la portée de la science et créant de nouvelles possibilités interdisciplinaires. Outre les centres de recherche situés près de Montréal, dont la Réserve naturelle Gault et l’Observatoire radar J. S. Marshall sur le campus Macdonald, des stations de recherche sont mises sur pied dans des régions éloignées du Canada, ainsi qu’à l’étranger.

Recherche dans l’Arctique

Il y a longtemps que les chercheurs de McGill s’intéressent aux régions arctique et subarctique. En 1945, le professeur J. J. O’Neill de l’Université McGill participe à la fondation de l’Institut arctique de l’Amérique du Nord, le premier et le plus ancien centre de recherche arctique du Canada. En 1954, une subvention de recherche permet la création de la Station de recherche subarctique de l’Université McGill à Schefferville, au Québec. La Station permet aux chercheurs de mener des travaux toute l’année sur la vaste forêt de lichens, qui regroupe de nombreux lacs, étangs, ruisseaux, zones humides et toundra alpine. Quelques années plus tard, la Station de recherche arctique de McGill élargit la portée de cette discipline au sein de l’Université. À la suite de l’expédition arctique sans précédent Jacobsen-McGill sur l’île Axel Heiberg au Nunavut, la Station de recherche arctique est créée en 1959. Elle est l’une des plus anciennes installations de recherche saisonnière de l’Extrême-Arctique. Elle comprend une petite cabane de recherche, une cuisine et deux structures temporaires pouvant accueillir jusqu’à douze personnes. Actuellement, des recherches en glaciologie, changement climatique, hydrologie du pergélisol, géologie, géomorphologie, limnologie, analogues planétaires et microbiologie y sont menées. Parmi les utilisateurs récents de la station figurent la NASA, le Programme du plateau continental polaire, la Commission géologique du Canada et le Musée canadien de la nature.

Recherche dans le Sud

Alors que la recherche scientifique de McGill s’étend vers le Nord, l’Université se déplace également vers des régions plus chaudes. À Holetown, à la Barbade, l’Institut de recherche Bellairs est mis sur pied en 1954 par le commandant Carlyon Bellairs. Sa création a pour but de soutenir la recherche dans les tropiques et il demeure le seul établissement canadien d’enseignement et de recherche dans les Caraïbes. Aujourd’hui, chaque année à l’Institut se donne un cours d’été de 13 semaines destiné aux étudiants de premier cycle. Le site présente une série d’habitats marins, notamment du sable et des rochers intertidaux, des récifs coralliens, des estuaires et des mangroves, des herbiers d’algues et des herbiers marins, ainsi que des eaux océaniques profondes près des côtes. Principalement axée sur les sciences marines, la recherche à l’Institut Bellairs évolue vers tout un éventail de disciplines en sciences naturelles et sociales, comme la géologie, la géographie, l’archéologie, la climatologie, la biologie, l’écologie, l’horticulture, l’agriculture et la durabilité. L’Institut maintient une présence mondiale, accueillant des étudiants et des scientifiques du monde entier à qui il propose des cours pratiques, des ateliers et des projets de recherche.

Moins d’une décennie plus tard, en 1962, le Programme de la savane est mis sur pied à Rupununi, en Guyane, et dans le Territorio do Rio Branco au Brésil. Le projet se veut un programme expérimental et d’observation sur le terrain permettant d’étudier les relations écologiques de la savane et de mieux comprendre la nature et la distribution de la végétation dans la région. L’ancien professeur de géographie de McGill, Theo Hills, en est l’un des principaux chercheurs et ses travaux ont mené à la création du Centre d’études sur les régions en développement de l’Université.

Ces centres de recherche offrent aux étudiants et au corps enseignant de nouvelles possibilités de mener des travaux scientifiques de pointe dans les hémisphères nord et sud.

 

Construire le campus du centre-ville

1931 – 1970 

Après la Seconde Guerre mondiale, l’augmentation rapide du nombre d’inscriptions fait en sorte que le campus du centre-ville de McGill, construit en grande partie dans les années 1890, doit être agrandi. En conséquence, l’empreinte physique du campus s’étend considérablement au cours des décennies suivantes, pour devenir ce qu’il est aujourd’hui.

Après la Seconde Guerre mondiale, le nombre d’inscriptions à McGill augmente rapidement, ce qui coïncide avec l’expansion rapide de la recherche scientifique. Pour suivre le rythme, l’Université doit agrandir ses infrastructures. Au début des années 1950, la plupart des recherches scientifiques sont menées dans des installations construites à la fin du XIXe siècle. Cela limite à la fois les types de travaux qui peuvent y être menés, ainsi que leur portée et leur ampleur. Entre 1950 et 1970, l’Université investit dans la construction de nouveaux pavillons pour répondre aux besoins plus poussés de la recherche scientifique et de l’enseignement. Cet investissement a d’importantes retombées : il permet d’augmenter considérablement les résultats de la recherche de l’Université et d’attirer une nouvelle génération d’étudiants et de chercheurs.

En 1946, la construction du Laboratoire de radiations (qui deviendra plus tard le Laboratoire de radiation Foster) commence, et le nouvel édifice est inauguré en 1948. Il offre plus d’espace et des équipements plus modernes au Département de physique, notamment le cyclotron McGill de 100 MeV, le deuxième plus grand cyclotron au monde et le premier au Canada. En 1949, le cyclotron est entièrement mis en service et accélère des protons jusqu’à une énergie en MeV. Peu après, en 1950, le Pavillon Eaton est érigé, à côté du Laboratoire de radiation. C’est ici, en 1961, que le professeur Robert Bell et son étudiant Richard Barton découvrent une nouvelle forme de rayonnement appelée émission différée de protons.

Plus près de la rue Sherbrooke, le Pavillon Frank-Dawson-Adams, connu à l’origine sous le nom de Centre des sciences physiques, est inauguré en 1951. Il est créé pour répondre aux besoins croissants des sciences géologiques, qui partageaient auparavant l’espace du Pavillon de chimie Macdonald avec d’autres départements scientifiques et la Faculté de génie. Son déménagement traduit non seulement les besoins de ces départements scientifiques, mais aussi l’expansion d’autres départements et facultés, dont celle de génie. Le Pavillon porte le nom de Frank Dawson Adams, un professeur du Département de géologie, vice-principal de l’Université de 1920 à 1924 et premier directeur des Études supérieures.

La prochaine expansion significative de l’Université a lieu dans le coin nord-ouest du campus, avec la construction en 1965 du Complexe McIntyre-Stewart, mieux connu sous le nom de Pavillon de biologie Stewart. Tout au long des années 1960, les laboratoires de sciences biologiques font face à une pression croissante, attribuable à l’augmentation du nombre d’étudiants et à l’évolution des besoins des sciences biologiques. Avant la construction du Pavillon de biologie Stewart, les sciences biologiques étaient rattachées à l’ancien Pavillon de biologie (devenu aujourd’hui le Pavillon de l’administration James) qui, dans les années 1960, ne pouvait soutenir le rythme de croissance de la discipline. Afin d’intensifier la cohésion et l’efficacité des trois départements (zoologie, botanique et génétique), ceux-ci sont finalement fusionnés en un seul Département de biologie. C’est un défi de taille, car les trois départements comptent plus de 50 universitaires aux intérêts scientifiques divers. Le nouveau Département décide de concentrer son attention sur quelques domaines de la biologie, plutôt que d’essayer de couvrir tous les champs possibles. Après de nombreuses discussions, il est décidé que le Département se spécialisera dans l’écologie, la génétique humaine, la biologie moléculaire et la neurobiologie. Cette décision fait non seulement entrer le Département dans l’ère moderne de la recherche, mais la portée des travaux qui y sont menés le distingue également de la plupart des autres départements de biologie au Canada.

L’ouverture du Complexe McIntyre-Stewart est suivie de près par celle du Pavillon de chimie Otto-Maass, situé au sud-est du campus. Nommé d’après le célèbre directeur du Département de chimie pendant la Seconde Guerre mondiale, Otto Maass, le Pavillon favorise la croissance soutenue du Département.

Cette période d’expansion de l’infrastructure scientifique est complétée par le Pavillon Burnside, adjacent au Pavillon Otto-Maas. L’édifice à l’architecture brutaliste est inauguré en 1970 pour abriter les départements de mathématiques et de statistique, de géographie et de sciences atmosphériques et océaniques. Des tunnels souterrains relient le Pavillon à ses voisins et le toit loge des équipements météorologiques. Bien que le nouveau pavillon augmente la capacité de nombreux départements, certains n’en apprécient pas le style.

 

Les gens de McGill : des professeurs et des diplômés remarquables 

1931 – 1970

Au cours de cette période, de nombreux diplômés et membres du corps professoral de McGill se distinguent par leurs recherches érudites, qui ont mené à des résultats novateurs et avant-gardistes dans leur domaine d’expertise. Voici un aperçu de quelques-unes des personnes qui ont joué un rôle de premier plan dans l’essor de McGill en tant que leader mondial au sein de la Faculté des sciences.

Si vous souhaitez proposer le nom d’autres diplômés ou membres du corps professoral pour cette liste, communiquez avec nous à l’adresse suivante : timeline200.science@mcgill.ca.

Robert Bell (1918 – 1992), découvre une nouvelle forme de radioactivité.

Robert Bell obtient son doctorat de l’Université McGill en 1948 et, en 1960, il est nommé professeur titulaire de la Chaire de physique Ernest-Rutherford et directeur du Laboratoire de radiation Foster de McGill. C’est dans ce laboratoire qu’il découvre, en compagnie de son étudiant R. Barton, une nouvelle forme de radioactivité : l’émission de protons. Robert Bell est également connu pour ses contributions à l’étude de l’énergie d’interaction nucléaire entre un proton et un neutron et pour l’invention de la méthode de chronométrage direct permettant de mesurer les processus nucléaires à une fraction de milliardième de seconde près.

Willard Boyle (1924 – 2011), pionnier de la technologie laser et co-inventeur du dispositif à couplage de charge 

Willard Boyle a fait toutes ses études postsecondaires à McGill, où il obtient un baccalauréat en sciences en 1947, une maîtrise en 1948 et un doctorat en 1950. Après avoir obtenu son doctorat, il rejoint Bell Labs en 1953, où il co-invente, en 1962, le premier laser à rubis fonctionnant en continu. Détenteur du premier brevet pour un laser à injection à semi-conducteurs, William Boyle occupe le poste de directeur de la science de l’espace et des études exploratoires chez Bellcomm en 1962, où il participe à la sélection des sites d’alunissage et apporte son soutien au programme spatial Apollo. En 2009, il est corécipiendaire du prix Nobel de physique pour l’invention d’un circuit semi-conducteur d’imagerie, le capteur CCD, un œil électronique en photographie.

Virginia Douglas (1927 – 2017), pionnière de la recherche sur le TDAH

Virginia Douglas s’est jointe à McGill comme professeure de psychologie en 1958 et ses recherches approfondies sur le TDAH ont été publiées dans le célèbre article intitulé Stop, look and listen: The problem of sustained attention and impulse control in hyperactive and normal children. Devenu le plus cité dans le domaine, l’article a redéfini les limites de ce trouble. Virginia Douglas a transformé le programme terminal de maîtrise du Département de psychologie en un programme de doctorat. Elle a présidé la Société canadienne de psychologie en 1971 et a reçu plusieurs prix pour ses recherches, notamment la médaille d’or pour contributions exceptionnelles à la psychologie canadienne en 2004.

John Stuart Foster (1890 – 1964), créateur du scanneur Foster

John Stuart Foster a été professeur à McGill de 1924 jusqu’à sa retraite en 1960. Grâce à ses travaux et à ses collaborations avec le Laboratoire de radiations, il crée une antenne radar connue sous le nom de scanneur Foster et réalise d’importantes avancées théoriques sur l’effet des champs électriques puissants sur l’atome d’hélium, connu sous le nom d’« effet Stark ». McGill a honoré ses réalisations en donnant son nom au Laboratoire de rayonnement et au cyclotron John Stuart Foster en 1964, nom qui est toujours gravé sur le côté du bâtiment maintenant connu sous le nom de Pavillon M. H. Wong.

Otto Hahn (1879 – 1968), père de la fission nucléaire et de la chimie nucléaire

Otto Hahn travaille à McGill en 1905 et 1906. Il est connu comme le père de la fission nucléaire et de la chimie nucléaire ainsi que pour ses recherches sur la fission nucléaire de l’uranium et du thorium. En 1944, il reçoit le prix Nobel de chimie pour la découverte et la preuve radiochimique de la fission nucléaire, mises au jour en collaboration avec Lise Meitner. Pendant son séjour à McGill, Otto Hahn collabore étroitement avec Ernest Rutherford et découvre le thorium C (identifié plus tard comme le polonium-212), le radium D (identifié plus tard comme le plomb-210) et le radioactinium (identifié plus tard comme le thorium-227), et il étudie également les rayons alpha du radiothorium.

Joachim Lambek (1922 – 2014), champion des catégories mathématiques

Joachim Lambek est titulaire d’un baccalauréat, d’une maîtrise et d’un doctorat de l’Université McGill, où il est professeur de mathématiques jusqu’à sa retraite en 1992. Éminent mathématicien, il donne des conférences et publie des articles sur l’algèbre, la logique, la théorie des catégories, la linguistique informatique, la physique théorique, l’histoire et la philosophie des mathématiques. Parmi ses travaux les plus remarquables, Joachim Lambek a publié le théorème de Lambek pour caractériser la planéité d’un module, et le calcul de Lambek pour saisir les aspects mathématiques de la syntaxe du langage naturel sous forme logique. En 2014, à l’occasion de son 90e anniversaire, un recueil d’essais est publié pour célébrer ses vastes contributions aux mathématiques, à la logique, au langage et à la physique.

Wallace Lambert (1922 – 2009), père de l’étude psychologique du bilinguisme

Wallace Lambert est professeur de psychologie à McGill de 1954 jusqu’à sa retraite en 1990. L’un des fondateurs de la psycholinguistique et de la sociolinguistique, il poursuit une carrière très productive, contribue à la psychologie sociale et interculturelle, à l’enseignement des langues et aux incidences sociales, cognitives et neuropsychologiques du bilinguisme. En raison de la portée et de l’influence de ses travaux, Wallace Lambert est largement considéré comme le père de l’étude psychologique du bilinguisme.

John Stewart Marshall (1911-1992), pionnier du radar météorologique

John Stewart Marshall est professeur à McGill de 1945 jusqu’à sa retraite en 1979. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est l’un des premiers à observer les précipitations par radar et il travaille au développement et à l’application des radars météorologiques, des précipitations et de la physique des nuages par l’intermédiaire du groupe de recherche Stormy Weather. En 1967, les laboratoires de recherche Cambridge de l’armée de l’air américaine offrent à John Marshall une nouvelle installation pour ses travaux météorologiques, l’Observatoire radar J. S. Marshall, toujours opérationnel en tant que poste d’enseignement et de recherche à Sainte‑Anne-de-Bellevue, sur le campus Macdonald de McGill.

Rudolph Marcus (1923 -), père de la théorie de Marcus sur le transfert d’électrons

Rudolph Marcus obtient un baccalauréat et un doctorat à McGill en 1943 et 1946, respectivement. Auteur de nombreuses publications et lauréat de maintes récompenses, il a grandement contribué à la chimie moderne grâce à de nombreuses théories et découvertes, dont la théorie de Marcus, qui fournit un cadre thermodynamique et cinétique pour décrire les réactions de transfert d’électrons dans les systèmes chimiques. En 1992, il reçoit le prix Nobel de chimie pour ses contributions.

Joan Marsden (1922 – 2001) développe la biologie à McGill.

Joan Marsden est professeure de biologie à McGill de 1952 jusqu’à sa retraite en 1987. Son association avec McGill s’échelonne sur plus de 60 ans, de l’obtention de son baccalauréat en sciences (en 1943) jusqu’à la direction de l’Institut Bellairs à la Barbade, poste qu’elle occupe au moment de son décès. Elle est surtout connue pour ses recherches sur les perspectives écologiques, physiologiques et neurobiologiques du ver polychète, et pour son rôle déterminant dans la mise sur pied et le façonnement du Département de biologie lors de sa création en 1969. En l’honneur de son travail, McGill crée un fonds pour perpétuer sa mémoire par l’intermédiaire des Conférences Joan-Marsden en biologie organismique.

Ronald Melzack (1929 – 2019) révolutionne la recherche sur la douleur.

Ronald Melzack est professeur de psychologie à McGill de 1963 jusqu’à sa retraite en 1999. Titulaire d’un baccalauréat, d’une maîtrise et d’un doctorat de l’Université McGill, il est considéré comme l’un des plus célèbres et des plus éminents chercheurs sur la douleur dans le monde. Il révolutionne la recherche sur la douleur en introduisant la théorie du contrôle de la porte de la douleur pour affirmer que la douleur est subjective et multidimensionnelle parce que plusieurs parties du cerveau y contribuent en même temps. Il met également au point le Questionnaire sur la douleur de McGill, la méthode la plus utilisée au monde pour mesurer la douleur en recherche clinique.

Brenda Milner (1918 -), fondatrice de la neuropsychologie

Après avoir obtenu un baccalauréat et une maîtrise en psychologie à l’Université de Cambridge, Brenda Milner obtient un doctorat en psychologie physiologique à McGill, où ses recherches novatrices en neuropsychologie l’amènent à fonder ce domaine. Depuis 2010, elle est professeure au Département de neurologie et de neurochirurgie de l’Université McGill, ainsi que professeure de psychologie à l’Institut neurologique de Montréal. L’héritage de Brenda Milner en neuropsychologie est largement reconnu par les diplômes honorifiques qui lui ont été décernés, soit plus d’une vingtaine. L’engagement de la Pre Milner envers son travail est évident, car bien qu’elle ait eu 100 ans en 2018, elle continuer d’enseigner et de mener des recherches.

André Robert (1929 – 1993) développe des modèles mathématiques de la circulation atmosphérique.

André Robert obtient son doctorat à l’Université McGill en 1965. Il développe et met en œuvre des techniques numériques efficaces qui régissent l’évolution et la circulation de l’atmosphère terrestre, et met finalement au point la première méthode spectrale efficace pour les prévisions mondiales. Ses méthodes sont largement adoptées dans le milieu et désormais utilisées comme modèles dans les plus grands centres de prévision météorologique et de recherche sur le climat au monde.

Roger Tomlinson (1933 – 2014), père des systèmes d’information géographique

Roger Tomlinson obtient sa maîtrise en géographie à McGill, où il se spécialise dans la géomorphologie glaciaire du Labrador en 1961. Il travaille ensuite pour le gouvernement du Canada au sein de la Division de la cartographie informatique et sur les systèmes d’aménagement régionaux, où il conceptualise la combinaison de la cartographie de l’utilisation des terres avec la technologie informatique émergente. Cela l’amène à entreprendre, planifier et diriger le développement du Système d’information géographique du Canada, le premier système d’information géographique informatisé au monde. Le Laboratoire de données géographiques et d’analyse environnementale du Département de géographie porte le nom de Roger Tomlinson, fait membre de l’Ordre du Canada en 2001.

 

Notre planète bleue : géographie, sciences de la Terre et des planètes et sciences atmosphériques et océaniques

1931 – 1970

Les départements de géographie, des sciences de la Terre et des planètes, et des sciences atmosphériques et océaniques sont unis en reconnaissance de leur intérêt commun pour les sciences de la Terre. Bien qu’ils figurent parmi les plus jeunes départements de la Faculté des sciences, ils offrent tous de solides programmes solides à l’avant-garde de l’enseignement et de la recherche au Canada.

Géographie

Le Département de géographie de McGill est le premier du genre au Canada, initialement développé conjointement avec le Département des sciences atmosphériques et océaniques et le Département des sciences de la Terre et des planètes. Cependant, les philosophies des départements commencent à s’opposer, ce qui entraîne leur séparation. En 1944, le Département de géographie devient une entité à part entière, avec George Kimble nommé premier professeur de géographie. Dans les années 1970, le programme d’études en géographie se spécialise, se ramifiant en géographie du développement, de la santé, des études urbaines, en géomorphologie, en hydrologie, en étude des sols, en biogéographie et en géographie du climat. Le Département se répartit grosso modo entre la géographie humaine et la géographie physique. Environ 70 % de ses chercheurs s’intéressent à l’impact de l’homme sur l’environnement. Le Département de géographie dispose d’un vaste programme d’études supérieures entièrement axé sur la recherche, qui accueille entre 80 et 100 étudiants chaque année. Le Département dispose par ailleurs d’installations destinées à l’apprentissage et à la recherche, auxquelles s’ajoutent des stations dans le monde entier, ainsi que des programmes d’échanges internationaux et de recherche sur le terrain. À titre d’exemple, le cours d’études urbaines sur le terrain offre des possibilités de faire de la recherche géographique dans les espaces urbains publics et semi-publics et de se familiariser avec les techniques de cartographie, d’échantillonnage, de mesure, de photographie et d’entrevue. Le Département a célébré son 75e anniversaire en 2020.

Sciences atmosphériques et océaniques

Le Département des sciences atmosphériques et océaniques est ancré dans une longue et riche histoire de recherche sur la météorologie, le radar primaire et le climat. Les débuts de la météorologie à McGill remontent à l’Observatoire Smallwood, un petit pavillon construit en 1841 sur la propriété de Charles Smallwood, où se trouve aujourd’hui le centre-ville de Laval. En 1863, l’équipement de l’Observatoire Smallwood est transféré sur le campus de l’Université, donnant ainsi lieu à la création de l’Observatoire de McGill. L’Université devient alors le siège du Groupe de recherche Stormy Weather et du Groupe de recherche sur la météorologie de l’Arctique. En 1968, le Radar météorologique de McGill (maintenant connu sous le nom d’Observatoire J. S. Marshall) est construit sur le campus Macdonald. En 1986, l’Université collabore avec le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada pour créer le premier groupe universitaire de recherche sur le climat au pays.

À McGill, l’origine de la recherche océanographique remonte également aux années 1850. En 1963, le Centre d’océanographie (qui deviendra plus tard l’Institut d’océanographie) est créé. L’institut propose des programmes de maîtrise et de doctorat en océanographie physique, géologique et biologique. L’institut ferme en 1987 et est remplacé par un programme d’études supérieures en océanographie. Ce programme s’adapte à l’enseignement et à la recherche en sciences marines qui ont déjà lieu dans les départements des sciences de la Terre et des planètes, de la biologie et de ce qui deviendra le Département des sciences atmosphériques et océaniques en 1992. Aujourd’hui, le Département des sciences atmosphériques et océaniques est l’un des principaux centres nord-américains d’enseignement, de recherche et de service dans ses domaines respectifs. La force du Département réside dans la recherche et l’enseignement de 2e et de 3e cycles. Il est le plus important de son genre au Canada et compte diverses spécialités, dont la météorologie, l’océanographie physique, la variabilité du climat, la télédétection, la chimie et la physique de l’atmosphère ainsi que la technologie verte.

Sciences de la Terre et des planètes

En 1855, alors qu’il devient le cinquième principal de l’Université, sir John William Dawson y introduit la géologie. Il occupe la Chaire Logan de géologie de 1871 à sa retraite en 1892. Frank Dawson Adams, que l’on appelle le père de la géologie expérimentale moderne, succède à William Dawson à titre de professeur titulaire de la Chaire Logan en 1892. Pendant les deux décennies qui suivront, il mène des travaux sans précédent sur la pétrographie des roches ignées et métamorphiques et sur la déformation et l’écoulement des roches. En 1901, le Département décerne ses premiers diplômes de maîtrise et en 1924, ceux de doctorat. Dans les années 1950, sous la direction de Thomas H. Clark, puis de James E. Gill au cours de la décennie suivante, le Département connaît un essor considérable. L’ajout d’un géophysicien des planètes et d’un océanographe-chimiste à l’équipe de chercheurs de l’Institut des sciences marines permet au Département de prendre officiellement le nom, en 1993, de Département des sciences de la Terre et des planètes – unique en son genre au moment de sa création. En plus d’accueillir la population étudiante montréalaise et québécoise, le Département est l’alma mater de nombre d’étudiants ailleurs au Canada et dans le monde, tant au 1er qu’aux 2e et 3e cycles.

Recherche interdisciplinaire

Les départements de géographie, des sciences de la Terre et des planètes ainsi que des sciences atmosphériques et océaniques sont liés par leur affiliation et leur utilisation de nombreux instituts de recherche diversifiés acquis au cours des dernières décennies, comme : l’Institut Bellairs, le Centre d’information géographique, la Réserve naturelle Gault, le Conservatoire naturel Wilder et Helen Penfield, le Centre d’études et de recherches nordiques et, plus particulièrement, la Station de recherche arctique et la Station de recherche subarctique de McGill. En 1959, l’esprit de collaboration entre les départements s’illustre tout particulièrement dans l’expédition arctique Jacobsen-McGill sur l’île Axel Heiberg, à 80° de latitude nord, où le Centre d’études et de recherches nordiques s’établit. Le but de l’expédition est d’étudier l’évolution de la zone montagneuse et fortement englacée au centre ouest de l’île.

 

L’essor et la croissance exponentielle du Département de mathématiques et de statistique

1945 – 1970

Les mathématiques sont une discipline depuis 1848 à McGill, mais ce n’est que dans les années 1940 que le Département commence à se transformer en un solide centre de recherche et de formation de futurs grands mathématiciens.

À partir de 1848, les mathématiques sont l’une des premières disciplines enseignées à McGill, sous le nom de philosophie naturelle. L’Université met l’accent sur le génie et les mathématiques appliquées selon l’approche britannique, c’est-à-dire que celles-ci font l’objet de cours complémentaires dans les autres départements. Jusqu’en 1945, les mathématiques constituent presque un centre entier. Sept professeurs donnent douze cours à la Faculté des arts et des sciences, trois cours à la Faculté de génie et un ou deux cours à l’École de commerce. À l’époque, il existe un petit programme d’études supérieures conjoint avec le Département de physique. Toutefois, la plupart des étudiants poursuivent leurs études supérieures en physique plutôt qu’en mathématiques.

Dans les années d’après-guerre, un petit groupe de professeurs redonne vie au Département. En 1945, lorsque les professeurs mcgillois W. L. G. Williams et Gordon Pall fondent le Congrès mathématique du Canada (rebaptisé dans les années 1970 Société de mathématiques du Canada), une transformation clé s’opère. L’objectif principal est de créer une communauté nationale de mathématiciens par l’intermédiaire de réunions régulières et de produire des journaux de recherche – une fonction encore remplie aujourd’hui. Ils prennent également l’initiative de convaincre le Conseil national de recherches du Canada de débloquer des fonds pour soutenir les mathématiques pures, ce qui galvanise l’étude des mathématiques au pays. À McGill, ces nouveaux fonds du Conseil signifient que les étudiants aux cycles supérieurs peuvent se concentrer sur leurs recherches et leur formation au lieu d’occuper des postes d’enseignement, comme ils étaient tenus de le faire auparavant.

En 1948 survient un deuxième changement important, soit la nomination de Hans Zassenhaus recommandée par A. H. S. Gillson. Mathématicien pur réputé connu pour ses contributions à l’algèbre et à la théorie des nombres, il attire un grand nombre d’étudiants aux cycles supérieurs, ce qui fait croître ce petit programme. Le programme d’études supérieures se développe grâce aux professeurs Wacław Kozakiewicz, Charles Fox et Edward Rosenthall qui, ensemble, apportent leur expertise en statistique, en analyse et en théorie des nombres, respectivement, établissent ainsi la réputation actuelle du programme. Le Département continue d’évoluer : à la fin des années 1960 et au début des années 1970, l’analyse et l’algèbre, en particulier la théorie des catégories, sont devenues des sujets de prédilection, sans compter la statistique et les mathématiques appliquées. Le nombre d’employés à temps plein du Département de mathématiques passe de sept en 1945 à trente-six en 1960, et à cinquante-six en 1970.

En 1950, McGill décerne son premier doctorat en mathématiques à Joachim Lambek, qui mènera ensuite une carrière très influente dans ce domaine. Dans les années 1970, grâce à son soutien, l’Université joue un rôle central dans l’exploration de la théorie des catégories. Les mathématiciens mcgillois sont également liés à la création de l’Institut des sciences mathématiques, un groupe de recherche pour la communauté mathématique du Québec.

Aujourd’hui, le Département de mathématiques et de statistique de McGill accueille de nombreux étudiants de renommée mondiale et de mathématiciens réputés, et il est particulièrement reconnu pour la force de sa recherche et de son enseignement de premier cycle.

Mise sur pied en 1971 et inaugurée en 1987 en l’honneur du professeur Edward Rosenthall, la bibliothèque du Département ferme ses portes en 2015. Toujours disponible en tant que collection historique, la Bibliothèque de mathématiques et de statistique Edward-Rosenthall contient plus de 14 000 revues de mathématiques datant du XIXe siècle, au-delà de 10 000 monographies et une collection de livres de mathématiques rares.

Nouveau visage des disciplines STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) 

« Je n’avais pas conscience que des portes m’étaient fermées jusqu’à ce que je commence à y frapper ».

– Gertrude B. Elion

Lorsque l’on célèbre les réalisations historiques de scientifiques exceptionnels à McGill, il convient de noter que les femmes de l’époque n’avaient souvent, par rapport à leurs homologues masculins, qu’un accès limité à la science, à la technologie, au génie et aux mathématiques; c’est pourquoi l’héritage féminin est moins imposant. Sur le plan social, les femmes n’ont pas les mêmes possibilités que les hommes et ne sont pas encouragées à s’intéresser aux disciplines scientifiques et technologiques. Elles doivent donc fournir plus d’efforts pour surmonter les obstacles à leur réussite dans ces domaines dominés par les hommes. S’il y a actuellement beaucoup plus de femmes dans les disciplines STIM qu’auparavant, certains de ces obstacles demeurent. C’est dans cet esprit que nous commémorons les réalisations des femmes à la Faculté des sciences, afin de souligner leurs réussites et de reconnaître qu’elles ont toujours dû relever des obstacles qui n’existaient pas pour les hommes.

Avant que les femmes ne soient autorisées à s’inscrire à McGill en 1884, certaines personnes et des organismes importants travaillent en coulisse pour défendre l’éducation des femmes. Anne Molson et les membres de la Montreal Ladies’ Educational Association assistent de façon informelle à des cours et à des examens à McGill, de sorte qu’elles peuvent tout de même parfaire leur éducation, sans toutefois recevoir de diplôme. En 1884, grâce au plaidoyer de sir John William Dawson et de son épouse, ainsi qu’à un don généreux de Donald A. Smith, les femmes ont enfin la possibilité de fréquenter l’Université à titre plus officiel. En 1889, elles représentent un tiers du corps étudiant. Dix ans plus tard, en 1900, le Collège Royal Victoria ouvre ses portes, accueillant les étudiantes en sciences et leurs nombreux groupes sociaux, universitaires et sportifs.

Le début du siècle est marqué par l’œuvre de personnages féminins marquants. À titre d’exemple, Harriet Brooks, pionnière et source d’inspiration pour les femmes en physique, laisse un legs indélébile en recherche nucléaire. En 1909, sur les traces d’Harriet Brooks à la maîtrise, la chimiste Annie MacLeod devient la première femme à obtenir un doctorat à McGill. L’événement crée un précédent et témoigne de l’expansion foisonnante des études supérieures au plus haut niveau, non seulement en sciences, mais au sein de toutes les facultés de l’Université. Alice Vibert Douglas, qui a reçu l’Ordre de l’Empire britannique pour ses travaux, termine son baccalauréat, sa maîtrise et son doctorat à McGill en 1926, devenant ainsi la première femme à obtenir un doctorat en astrophysique. Elle travaille à McGill de 1925 à 1939, préside l’Union astronomique internationale et représente le Canada lors d’une conférence de l’UNESCO à Montevideo, en Uruguay.

Outre les travaux d’Harriet Brooks, d’Annie MacLeod et d’Alice Douglas en physique et en chimie, Carrie Derick, première femme professeure au Canada, contribue à rendre les sciences à McGill de plus en plus pointues et pertinentes, en suscitant l’étude à grande échelle de la génétique et la création du premier Département de génétique au Canada. À sa retraite en 1929, Carrie Derick devient la première femme professeure émérite au Canada. En 2007, elle est honorée à titre de personnalité historique nationale par le gouvernement canadien pour sa « contribution exceptionnelle à la science dans les sphères universitaire et populaire ».

Plus tard au XXe siècle, de 1952 jusqu’à sa retraite en 1987, Joan Marsden est zoologue et professeure à McGill. Connue notamment pour ses recherches pointues en écologie, en physiologie et en neurobiologie, Joan Marsden joue également un rôle déterminant dans la création du Département de biologie, en 1969. En son honneur, McGill crée les conférences Joan Marsden en biologie organique.

Le Département de psychologie est notamment marqué par Virginia Douglas et Brenda Milner. Virginia Douglas est psychologue et professeure, reconnue pour ses recherches sur le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), ayant publié l’article révolutionnaire le plus cité sur le sujet. En 1958, elle se joint à McGill et transforme le programme de maîtrise du Département de psychologie en programme de doctorat. Grâce à ses recherches, le TDAH est inclus dans la troisième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Brenda Milner, âgée aujourd’hui de 102 ans, enseigne et mène toujours des recherches à McGill. Elle obtient un doctorat en psychologie physiologique à l’Université où ses recherches novatrices en neuropsychologie l’amènent à fonder cette discipline. L’héritage de Brenda Milner en neuropsychologie est largement reconnu par les diplômes honorifiques qui lui ont été décernés, soit plus d’une vingtaine.

S’il est certainement nécessaire de reconnaître et de souligner l’apport de ces scientifiques influentes qui ont apporté des contributions révolutionnaires à la Faculté des sciences et se sont taillé une réputation nationale et internationale, il importe également d’honorer toutes les femmes qui ont fréquenté McGill, à cette époque et aujourd’hui, alors qu’elles continuent à repousser les limites restrictives qui persistent encore. Nous nous appuyons tous sur les épaules de ceux et celles qui nous ont précédés.